Le business du Poker - Une analyse

Paul Leyland analyse le secteur du jeu pour Seymour Price, une soci��t�� d'investissement bas��e �� Londres. Paul a ��t�� assez gentil pour s'asseoir un instant en ma compagnie, alors que j'effectuais r��cemment un voyage �� Londres. Ag�� de seulement vingt-six ans, Paul Leyland m'a impressionn�� par la mani��re dont il avait pr��par�� l'entretien et par la ma?trise qu'il avait de son langage.
Paul donne son point de vue sur l'��tat actuel de l'industrie du jeu/poker en ligne. Paul verse peut-��tre un peu dans le jargon de l'��conomiste, mais je pense que l'information contenue ici est tr��s int��ressante, et qu'elle constitue pour le moins une mise en perspective de grande valeur. Le poker vu par le monde du business avec une analyse financi��re de l'homme d'affaires.
John: Tout d'abord, racontez-moi comment vous en ��tes venu �� couvrir ce secteur ?
Paul: Comme, j'en suis s?r, vous le savez, le Royaume-Uni du point de vue du jeu a connu quarante ans d'histoire r��glementaire. Le parti conservateur, au milieu des ann��es 90, a ��t�� �� l'origine d'une loi destin��e �� r��glementer toutes les formes de jeux de hasard, et par extension ��galement, �� lib��raliser les jeux d��j�� existants. La loi a aussi eu pour cons��quence d'encadrer ��galement les jeux en ligne. Cela mettait en jeu de terribles int��r��ts de march��. Et au final, il est apparu que peu d'analystes de march�� on eut le temps de lire le texte, ou bien l'inclinaison n��cessaire pour comprendre toute les politiques mises en oeuvre.
J'��tais fra?chement sorti de l'universit�� avec un dipl?me d'histoire, donc je saisissais le c?t�� politique de la chose, j'avais le temps de lire les rapports et de me forger une opinion
diff��rente de la plupart des gens. Et heureusement, l'��quipe avec laquelle je travaillais �� l'��poque a pens��, bon, ok, pourquoi ne pas prendre en charge le sujet et continuer sur les jeux de hasard. A l'origine, je me suis concentr�� sur les jeux hors-ligne. Puis, il est apparu clairement que l'espace en ligne ��tait quelque chose ��norm��ment int��ressant pour les op��rations live au Royaume-Uni. Il s'agissait aussi d'un espace beaucoup plus gros qu'ils avaient imagin��, terriblement diff��rent de celui qu'ils comptaient aborder. Depuis lors, il est apparu ��vident que s'int��resser aux deux espaces, aurait une terrible valeur ��conomique parce qu'il ��tait presque clair que l'espace en ligne ��tait en train de se d��velopper beaucoup plus vite que le hors-ligne, de surcro?t ��tant donn�� que l'espace en ligne ��tait en train de se d��velopper sur le march��, sans pour autant ��tre encadr�� par un tissu r��glementaire, vous n'aviez pas �� d��pendre d'un gouvernement individuel pour r��ussir ou non. En cons��quence de quoi, on sentait qu'il y avait quelque chose de l'��tat de nature. Vous pouviez regarder le hors-ligne, ou bien l'espace en ligne, l'un ou l'autre ou ensemble. Tous allaient apporter de la valeur aux actionnaires.
Donc, il devint raisonnablement ��vident en 2001, ou 2002, que regarder les deux ��tait une bonne strat��gie. Ironiquement, c'est exactement �� ce moment que l'espace en ligne v��cu un moment tr��s, tr��s dur. Mais le march�� a en quelque sort ignor�� ?a, ou bien n'��tait pas expos�� �� ?a parce qu'il ��tait incroyablement m��fiant �� cette ��poque, et qu'il adoptait le concept d'��valuation ? Top Down ? (ndlr : d��marche privil��giant les donn��es macro��conomiques et financi��res), avec tous les b��n��fices que cela comporte, mais aussi ses probl��mes.
John: Vous avez couvert les jeux depuis.
Paul: Quatre ans.
John: Donc, vous ��tes entr�� dans le secteur au m��me moment que celui-ci naissait, j'imagine, lors de sa mont��e en puissance.
Paul: Je dirais que cela correspondait �� la naissance de la seconde vague. Je pense que lors de la premi��re vague, entre le milieu et la fin des ann��es 90, l'argent ��tait tr��s facile. Un argent facile assur��ment si l'on compare �� la situation qui est celle d'aujourd'hui. Il s'agissait de pionniers d'un point de vue technologique. Le c?t�� marketing ��tait assez simple. Et en consequence de quoi, il y avait un tas de gens qui le faisait, et sans trop d'efforts.
Ensuite, lorsque Paypal est apparu, et que le DOJ (minist��re de la Justice ou ? US Department of Justice ?) s'est pench�� sur les cas Google, Yahoo etc., les choses sont devenues un peu plus dures. Par-dessus tout, les gens ont r��alis�� que s'ils s'��taient correctement organis��s, ils pouvaient faire sacr��ment plus d'argent que dans le cadre d'une activit�� champignon. Ensuite, un certain nombre de soci��t��s ont ��volu��, prenant rapidement des parts de march�� aux d��pends d'autres gens sur un march�� difficile. Et ces personnes sont celles qui, je pense, ont commenc�� �� repr��senter un int��r��t du point de vue de l'investissement.
Une ou deux soci��t��s ��taient d��j�� connues. Sportingbet ��tant un exemple classique. Ils venaient de r��aliser des acquisitions et commen?aient �� atteindre une taille critique sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte. Il faut attendre les ann��es 2002, 2003 pour que les choses d��collent. Puis cette soci��t�� a commenc�� �� toucher d'autres domaines. N��anmoins, c'est l'��poque o�� les gens ont r��alis�� qu'Internet est l'endroit o�� se trouver, mais que vous vous deviez d'avoir le bon mod��le.
Maintenant, je pense que le march�� a quelque peu cess�� de cro?tre depuis que PartyGaming a lach�� le morceau en disant qu'elle avait cess�� de grossir et qu'elle ne savait pas v��ritablement pourquoi. Jusqu'�� ce que cela arrive, vos aviez une situation o�� les gens regardaient les ��valuations macro��conomique en disant que le march�� rencontrait une croissance de 20% et qu'en achetant n'importe qu'elle soci��t��, vous faisiez bien de le faire.
Voici toutes les graines d'un d��sastre.
Party a en quelque sorte clarifi�� la situation, ce qui est tr��s b��n��fique. Et je pense que le probl��me vient aujourd'hui du fait que les gestionnaires de fonds sont tr��s sceptiques. Et c'est une question li��e au d��passement de cette situation et de d��monstration que le mod��le marche. Mais cela ne marche qu'avec des entreprises de bonne qualit��. Et cela est vrai pour toutes les industries quoi qu'il en soit.
Il s'agit d'une industrie immature qui passe par une courbe d'apprentissage et la City (le march�� financier �� Londres) se situe trois �� quatre ans derri��re cette courbe d'apprentissage de l'industrie.
John: Bien. Pensez-vous que les le?ons apprises du temps de l'Internet vont ��tre appliqu��es ou ignor��es dans ce secteur ?
Paul: Non. Je pense qu'ils sont assez diff��rents car ce qu'on regarde aujourd'hui est la valeur du capital. On voit maintenant des gens qui reconnaissent que du point de vue ? Top Down ?, les jeux de hasard en ligne sont ��norm��ment int��ressants. Ils examinent le ph��nom��ne sous l'angle ? Bottom Up ? (ndlr : micro��conomique) et s'apper?oivent que des entreprises individuelles se d��veloppent. Mais en combinant ces deux d��marches, ils pourraient disposer d'une grande image d'ensemble, qui est plus qu'optimiste.
Ils pensent donc que l'environnement est excitant. Des entreprises se d��veloppent, donc l'espace se d��veloppe, donc les toutes les entreprises grossiront, ce qui n'est jamais vrai. C'est une question de d��passement du probl��me. Avec la bulle Internet, ce que vous aviez ��tait une grande expositions d'id��es, dont aucune n'avait ��t�� prouv��es. En fait, la th��orie emportait tout car on consid��rait que la plupart allaient marcher et que tout irait bien.
En fait, seule une fraction a fonctionn��.
Mais il n'y avait aucun r��el moyen de savoir quelle fraction, �� moins d'��tre un g��nie transcendant. Dans l'espace du jeu de hasard en ligne, vous avez d��j�� des mod��les qui ont apport�� leur preuve. Et ?a, c'est une diff��rence cruciale.
Il y a d��j�� des gens qui font de l'argent. Il y a d��j�� des gens qui grossissent, il y a d��j�� des gens qui introduisent des produits qui marchent rapidement. L'acc��s au march�� est assez rapide. Rep��rer ainsi une bonne gestion et un bon mod��le est beaucoup plus facile.
John: Parlons donc du management et des mod��les. Les joueurs, du moins de mon point de vue, sont assez en d��calage par rapport �� ce que vous faites et par rapport aux gens �� qui vous avez �� faire.
Paul: C'est s?r.
John: Je re?ois beaucoup d'appels de ? cowboys ? qui voient seulement ces ��valuations �� neuf milliards de livre et pensent, ok, je vais prendre de celui-ci.
Paul: Nous le faisons aussi. Bon, vous savez, il m'appara?t honn��te de dire que le jeu en ligne est devenu un peu tout de m��me une bulle dans le march��. Largement diminu��e par les declarations de PartyGaming, mais laissons de c?t�� le jeu pour un petit moment. Face �� une bulle de capitaux, dans n'importe quel secteur, et �� n'importe quel moment, ce sont justement les ? cowboys ? qui vont tenter de remporter la mise rapidement. Alors, il n'y a aucune raison pour que le jeu ��chappe �� ?a.
John: Bien. Justement, apr��s que l'annonce de PartyGaming soit tomb��e et qu'ils aient en quelque sorte dit ? H��, on ne va pas se d��velopper �� ce rythme hercul��en ?, quel effet avez-vous ressenti ? N'avez-vous pas senti des r��actions tangibles imm��diatement ?
Paul: En fait, ma r��action tr��s, tr��s, tr��s imm��diate a ��t�� d'appeler l'un de mes coll��gues travaillant dans une autre entreprise de courtage pour lui demander quel prix ils allaient fixer pour Party, parce que je pensais que le mien ��tait inappropri��.
John: Ah oui, vraiment ?
Paul: Et beaucoup de gens l'on fait. Personne ne s'attendait �� 25% comme cela. Si l'information avait ��t�� trait��e correctement, ?a n'aurait pas ��t�� 25%.
John: Bon. C'est �� ?a que vous attribuez la baisse de cette journ��e l�� ?
Paul: Le management n��cessite deux choses pour obtenir de bons r��sultats dans et hors de l'entreprise. Ils ont besoin d'une information pr��cise et facile �� comprendre pour leur gestion, et ils ont besoin d'exp��rience.
John: Bon, Ok. Parlons de 888, et votre r��action �� leur r��cente cotation �� la bourse de Londres.
Paul: C'est un prix fort. C'est compr��hensible, regardez tous les probl��mes que rencontre la bourse de Londres, vous savez, les traditionnels gestionnaires de fond, pour des raisons compr��hensibles, sont en quelque sorte sceptiques devant cet espace. Ils sont devenus bien plus sceptiques apr��s PartyGaming. Ils disent : faites vos preuves, et nous vous donnerons peut-��tre de l'argent.
Nous n'allons tout de m��me pas tout mettre sur des acteurs al��atoires dont nous n'avons jamais entendu parler, pour acheter des produits al��atoires dont nous n'avons jamais entendu parler non plus.
Continuez donc. Si vous int��ressez des fonds sp��culatifs, et quand vous avez int��gr�� des fonds sp��culatifs, cela veut dire que vous fournissez un service ��norme au march��. Vous arrivez avec le carnet d'ordres que vous pouvez (ndlr : recueil des intentions de souscription des investisseurs). Vous savez que si vous avez assez de personnes importantes en position courte, quelqu'un fera le saut dans les tous premiers jours. Pratiquement toutes les entreprises li��es aux jeux de hazard font ?a. Cela fait partie des r��gles du jeu. Les sp��cialistes de la position longue ��prouvent de la satisfaction �� ne pas avoir achet��, tandis que parmi les fonds sp��culatifs, certains d'entre eux font court, d'autres misent sur le long terme. La direction pense ceci : ? Bon, tout est normal, et de toute fa?on, nous sommes bloqu��s, donc cela ne fait rien. Tout ce qui compte est le prix qui sera fix�� dans douze mois ?. Et tout le monde est content avec ?a.
John: Ok, pas de probl��me...
Paul: Non, la vraie, la v��ritable cl�� pour 888 n'est pas que sa valeur ait baiss��, mais qu'elle soit quatre, voir cinq fois sur��valu��e. C'est ?a l'important.
Traduit de l'anglais par Thomas Frangel
Note : la semaine prochaine, vous nous discuterons des entreprises ? multi-ligne ? sp��cialis��es dans le jeu, et du mot �� cinq lettres repr��sentant ce que Paul pense ��tre la prochaine grande tendance dans le jeu en ligne.