Entretien avec Ed Miller ? c��l��bre autorit�� du poker ?

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22 D��c 2006 9 min �� lire

Ed Miller a fait du chemin depuis la sortie de son premier livre, on le consid��rait alors comme un ��crivain du poker amateur. En 2000 fra?chement dipl?m�� du prestigieux MIT (Massachussets Institute of Technology) il atterrit �� Richmond chez Microsoft. En dehors de son travail, Ed aime jouer au poker en ligne, c'est devenu une v��ritable passion et en 2003 avec un bon niveau, il aurait pu se passer de son emploi chez Microsoft. Le hasard a voulu qu'il rencontre Mason Malmuth et David Sklansky, ils ont appr��ci�� Miller, sa vision du poker et lui ont propos�� de collaborer �� son essai sur le poker ? Small Stakes Hold 'em: Winning Big with Expert Play ? souvent cit�� en r��f��rence depuis sa premi��re ��dition. Miller encha?na un autre ouvrage pour les d��butants au Hold'em, puis un troisi��me ? No Limit Hold 'em: Theory and Practice ? sorti cet ��t�� aux Etats-Unis. Il travaille aujourd'hui �� un nouveau projet dont nous parlerons plus longuement au cours de notre entretien.

Bernard Chapin : Afin de permettre �� nos lecteurs de mieux vous cerner, revenons sur votre personnalit��. Vous n'��tes jamais cit�� comme un grand joueur et votre visage est inconnu sur les ��crans des tournois t��l��vis��s. Ce d��ficit d'image et de notori��t�� a t'il fait obstacle �� vos ambitions en tant qu'auteur et sp��cialiste ? Selon vous peut on conjuguer le talent d'essayiste avec celui de champion ?

Ed Miller : Mon cas est particulier, j'ai fait mon exp��rience et suis reconnu dans un autre domaine. Internet est mon univers, les joueurs en ligne me connaissent bien mais sont souvent incapables de dire �� quoi je ressemble. Je jouis d'une bonne notori��t�� en ligne et beaucoup me connaissent loin de la puissance m��diatique t��l��visuelle. Nombre d'auteurs ne se font pas de nom en tournois et il me para?t difficile de concilier les deux disciplines. Les champions sont trop concentr��s sur leur jeu, leurs adversaires et les tournois pour ��crire s��rieusement. L'��criture demande beaucoup de travail et d'implication personnelle, alors pour r��pondre clairement �� votre question, je dirais qu'il est tr��s difficile de mener de front ces deux passions. C'est mon point de vue, fond�� sur ma propre exp��rience et je joue tr��s rarement en tournois. Avec deux WSOP �� mon actif, je suis coscient du temps et de l'��nergie investis. Je fatigue vite autour d'une table, d'autant plus en tournoi, il m'est tr��s difficile de rester concentrer aussi longtemps.

BC : Avez vous ��t�� surpris devant le succ��s de votre dernier livre aupr��s des lecteurs ? Vous attendiez vous �� ce que les stocks soient ��puis��s aussi rapidement ?

EM : le succ��s de ce dernier essai ne m'a pas vraiment ��tonn��, en revanche j'��tais tr��s inquiet pour les deux pr��c��dents. Au lancement du premier, le poker sortait tout juste des salles obscures pour s'ouvrir au grand public, alors je ne savais pas trop ce que je pouvais en attendre. Qui pouvait pr��dire cet engouement massif pour le poker. Je ne m'attendais absolument pas �� ce que les lecteurs en fassent un ouvrage de r��f��rence.

BC : Que r��pondez-vous au critiques qui expliquent que ce livre est aujourd'hui d��pass�� notamment avec en ce qui concerne les limites (Limit) ? Est-il toujours d'actualit�� ?

EM : Oui, absolument, cet essai est toujours actuel m��me si le jeu a chang�� que les enjeux sont �� la baisse. Le plus important est de retenir que g��n��ralement les pre-flop sont plus limit��s. Une fois cela pris en compte, nombre de techniques et bons conseils fonctionnent toujours. D'ailleurs nous nous attachons particuli��rement au jeu apr��s le flop dans ce livre et ses enseignements sont toujours bons �� prendre. Cependant, je pense �� un compl��ment ou une r����dition afin de tenir compte du jeu en ligne.

BC : Au regard du moindre int��r��t des enjeux en jeu Limit, pourquoi la majorit�� des joueurs continuent en Limit alors que tous les pousse �� passer au No-Limit ?

EM : Le passage des grands joueurs au No-Limit a rendu possible pour les moins bons de s'y retrouver en Limit. La migration des grands joueurs vers le No-Limit a engendr�� une situation ou il est facile de se faire de l'argent en Limit. Tous les bons joueurs que j'ai pu croiser en parties Limit sont aujourd'hui pass��s de l'autre c?t��. Oui tout se joue actuellement en No-Limit, mais les meilleurs joueurs sont l�� et il faut compter avec. C'est comme un pendule. Il finira par revenir dans l'autre sens et cela promet des parties int��ressantes en Limit. Le jeu est diff��rent, procure d'autres sensations. Une fois son exp��rience bien forg��e le joueur peut passer �� n'importe quel type de jeu. Comme moi, quelques joueurs passent au Limit, dans ce type de jeu on joue plus de mains �� la rivi��re, les parties sont plus d��tendues, c'est plus ludique. En No-Limit, il faut ��tre constamment vigilant, le facteur psychologique est primordial comme en comp��tition sportive.

BC : �� propos de votre deuxi��me essai, ? Small Stakes Hold 'em: Winning Big with Expert Play ?, en quoi le jeu en basse limite est-il tellement diff��rent d'une limite plus ��lev��e. D'aucuns estiment que vos arguments sont l��gers et que le diff��rence ne justifie pas un livre.

EM : En effet, je reconnais que le jeu ind��pendamment de la limite est le m��me, mais nous nous adressions �� des d��butants. La m��thode s'attache �� montrer comment jouer avec de petits joueurs moins agressifs. La diff��rence est importante, en face d'un joueur agressif, vous devez ��tre plus passif, et demander ? pour voir ? plus souvent. Ce livre explique comment parier souvent pour r��cup��rer de petites mises. En Limit plus haute cette strat��gie attendrait rapidement les limites de votre tapis alors il faut ��tre plus judicieux.

BC : Les deux ouvrages ��voqu��s plus haut, ont ��t�� ��crits en collaboration, comment vous ��tes vous organis��s dans votre travail ? Vous ��tes vous r��partis les chapitres selon vos affinit��s ou vos exp��riences, ou avez-vous travaill�� ensemble ?

EM : Les deux exp��riences sont tr��s diff��rentes. Pour le premier, ? Small takes ? j'��tais l'auteur principal, Sklansky et Malmuth ont simplement particip�� �� la finalisation de mon travail, il l'ont relu et apport��s quelques modifications au projet initial. Pour ? No Limit Hold 'em: Theory and Practice ? je me suis surtout appliqu�� �� la r��daction tandis que David Sklansky apportait le concept, c'��tait avant tout son projet. Il m'a fourni les grandes lignes nous en avons discut�� et je me suis occup�� de la forme.

BC : Pensez vous que le niveau s'��l��ve grace aux publications, �� mesure que les bons joueurs distillent leurs conseils ?

EM : Non, le jeu ne se complique pas pour autant. La litt��rature en revanche, permet �� des joueurs qui auraient rapidement abandonn��s apr��s des d��buts difficiles, de se constituer un bon capital th��orique, qu'ensuite ils mettent en pratique. L'apprentissage est essentiel, souvent un d��butant tentera de mettre ce qu'il sait en pratique m��me au risque d'��chouer, c'est cela qui rel��ve le niveau.

BC : Il y a peu je m'interrogeais encore de l'impact des tournois t��l��vis��s sur les parties avec de l'argent. Pensez vous que cette exposition m��diatique alimente le vivier pour les ? requins ? du poker ? J'ai l'impression que la mode fabrique des joueurs qui ne font pas la diff��rence entre tournois et cash-games, ou qui ne savent pas ce que signifie 5 max (cinq joueurs maximum �� une table).

EM : En effet la surexposition m��diatique am��ne de nouveau joueurs souvent inexp��riment��s dont la perception du poker se cantonne �� sa mythologie. Au d��but de cette vague m��diatique, nous avons vu des gamins d��barquer dans les casinos, s?rs d'eux ils comptaient leur jetons et vous toisaient avant chaque mise. Nous jouions le jeu c'��tait �� chaque fois comme si nous ��tions au bout de nos possibilit��s, mais il n'a jamais ��t�� dit que c'��tait la t��l��vision qui les avait amen��s jusqu'�� nous.

BC : Vous venez r��cemment de quitter Las Vegas pour New York, �� des lieues de la Mecque du poker, Sin City. Est-ce un d��sint��r��t momentan�� pour le poker, ou d'autres priorit��s vous appellent ?

EM : J'ai toujours voulu vivre �� New-York et c'est le bon moment pour m'y installer. Par ailleurs, je souhaite ��galement ��largir le champ de mes activit��s. Depuis que je me suis mis �� ��crire, je ne consacre plus que cinq �� dix heures hebdomadaires aux parties de poker. Je peux toujours me rendre �� Atlantic City si cela me d��mange, mais depuis mon d��m��nagement je joue beaucoup moins je crois que je vais essayer de devenir ��crivain �� plein temps, c'est bon ��crire.

BC : La l��gislation interdisant les jeux d'argent en ligne (UIGEA) est depuis fin 2006 en application aux ��tats-Unis, que pensez vous de son impact sur le poker, ��tes-vous pessimiste ? Pensez-vous qu'elle sera amend��e ou supprim��e et que nous pourrons �� nouveau jouer sur des sites am��ricains ?

EM : c'est ridicule et sournois, cette loi interdit les transferts d'argent vers les sites de jeux, pas le jeu en soi. Il y aura toujours un syst��me pour op��rer des transferts d'argent vers des joueurs am��ricains, les sites qui disparaissent seront probablement remplac��s, je ne pense pas que ce texte change vraiment les choses.

BC : Qu'en est-il du forum Two plus Two auquel vous participiez activement ? Je peux affirmer au nom de tous que vous nous manquez. Vous compter y revenir ?

EM : Oui c'est vrai j'ai cess�� de poster, cela me demandait beaucoup de temps. Et j'ai d��cid�� de cr��er mon blog notedpokerauthority.com. Je me consacre donc pleinement �� celui-ci et qu'il sera r��f��renc�� parmi les bonnes sources strat��giques. Je r��ponds aux posts sur mon blog, qui sait peut-��tre retournerais-je un jour sur le forum Two plus Two.

BC : O�� avez vous p��ch�� le nom de votre blog : ? notedpokerauthority ? (la c��l��bre r��f��rence du poker) ?

EM : C'est la petite histoire, les coulisses, allez je vous dit tout. J'��tais avec mon ami David Fromm venu me rendre visite �� Las Vegas. Nous sommes sortis, une soir��e bien arros��e, joyeuse et nous aussi. Nous sommes entr��s dans un casino, envie de Blackjak. L��, nous expliquions hilares aux croupiers parfois exc��d��s par notre comportement qu'il fallait me parler avec ��gards, j'��tais une c��l��bre r��f��rence au poker. Depuis, l'anecdote me colle �� la peau, cela devait ��tre mon blog.

*Bernard Chapin est ��crivain, joueur de poker et psychologue �� Chicago.

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