Didier Cicurel : 'globe-trotter du poker'
Nous connaissons tous les stars de tournoi, les Phil Ivey, les Patrik Antonius et consorts, grace aux multiples articles consacr��s �� leurs exploits et aux retransmissions t��l��vis��es des plus grands circuits mondiaux, World Poker Tour, World Series of Poker ou European Poker Tour en t��te.
Mais la plupart des joueurs pros ne se retrouvent que rarement sous le feu des projecteurs. Ce sont tous ces r��guliers des parties de cash-game qui ��cument �� longueur d'ann��e les moyennes ou grosses limites des cercles et des casinos, sans avoir �� se soucier de pression m��diatique.
Pour une fois, PokerNews a donc tendu son micro �� l'un d'entre eux, le suisse Didier Cicurel, rencontr�� �� Las Vegas. Nous l'avons interrog�� sur son parcours et sur ce qui fait le quotidien d'un r��gulier des parties d'argent en 'Live'.
L'un des rares pros du poker en Suisse
Didier Cicurel est un oiseau rare. C'est l'un des seuls joueurs professionnels de poker suisse, qui ��cume les tables de cash game du monde entier depuis 2005. Cela dit, si le cash-game est son pain quotidien, Cicurel prend de plus en plus de plaisir en tournoi et il l'a d'ailleurs encore d��montr�� en d��but d'ann��e, en r��alisant sa meilleure performance �� Manille, o�� il a termin�� 4��me de l'��tape locale de l'Asian Poker Tour (46.000$).
Comme chaque ann��e �� pareille ��poque, il ��tait pr��sent cet ��t�� �� Las Vegas pour disputer les World Series Of Poker. Maintenant qu'il vient de sauter du Jour 1a du Main Event suite �� une horreur qu'il a r��ussi �� ��vacuer avec une rapidit�� d��concertante - "un joueur �� tapis au flop avec top paire, qui touche une quinte runner-runner pour craquer mon brelan de Rois. Cinq minutes apr��s, j'avais encore les oreilles qui bourdonnaient mais maintenant ?a va bien, c'est le poker" - Didier a pris le temps de r��pondre �� nos questions, confortablement install�� �� l'��cart de la poker room du MGM Grand, o�� il a ses habitudes.
Comment devient-on joueur de poker professionnel ?
Notre premi��re interrogation concerne le cheminement qui conduit un joueur �� d��cider qu'il gagnera sa vie en jouant aux cartes : "
C'est la passion avant tout, ��videmment. Je suis un joueur dans l'ame et, comme Gus Hansen, Fran?ois Tardieu ou Arnaud Mattern, je viens du monde du Backgammon. Mais j'ai tr��s vite r��ussi la transition vers le poker, plus int��ressant financi��rement, ��paul�� en cela par les bons conseils de G��rard Duruz, l'un des rares joueurs pros suisses avec Claudio Rinaldi et quelques autres. Et puis les al��as de la vie ont acc��l��r�� ce processus. J'avais un projet de Club branch�� �� Lausanne, qui a capot�� suite �� des probl��mes administratifs. J'avais retir�� mes billes d'une premi��re affaire, une soci��t�� de location de voitures de luxe, pour me lancer dans cette nouvelle aventure. Quand c'est tomb�� �� l'eau, je me suis retrouv�� du jour au lendemain sans projet imm��diat, mais avec une bankroll plus que confortable.
J'avais d��j�� mes habitudes aux Seychelles, o�� je passais trois mois par an depuis plusieurs ann��es et le co?t de la vie l��-bas - surtout compar�� �� la Suisse! - fait qu'en gagnant quelques milliers d'euros aux tables chaque mois, j'ai un niveau de vie incomparable avec celui que je pourrais revendiquer en Europe. J'ai donc d��cid�� de m'y installer �� l'ann��e. Ca fait quatre ans maintenant que j'habite �� Victoria (la capitale des Seychelles) en 'grindant' tous les jours aux tables de No-Limit Hold'em du casino Victoria International et du Beauvallon Bay
".Les canaux pour d��couvrir le poker en Suisse sont un peu les m��mes qu'en France, avec des casinos qui se sont mis au Texas Hold'em �� la fin de l'ann��e 2006 et des salles de poker en ligne qui ��voluent dans la 'zone grise', sans v��ritable cadre r��glementaire.
En fait, la France semble un peu en avance sur le l��gislateur helv��te, avec une loi sur l'ouverture du march�� des jeux d'argent en ligne qui devrait ��tre promulgu��e l'ann��e prochaine et des casinos-pilote qui ont ouvert leurs premi��res tables d��s la fin 2005, notamment celui de Divonne-les-bains, alors que les premi��res tables suisses n'ont fait leur apparition qu'un an plus tard : "Du coup, j'ai beaucoup fr��quent�� Divonne il y a quelques ann��es, o�� je suis me suis m��me rendu tous les soirs pendant 18 mois!".
Un globe-trotter du poker
Mais Didier Cicurel n'est pas vraiment du genre s��dentaire. Ce serait m��me tout le contraire. Il parcourt le monde entier �� la recherche des parties les plus profitables : "
Je suis un globe-trotter du poker. Des Seychelles, je me suis mis �� rayonner dans tout l'oc��an indien. Je fais des voyages fr��quents �� Maurice, dans les casinos de Madagascar, notamment le Cercle de l'Avenue �� Antananarivo, et dans le sud-est asiatique, �� Macao ou aux Philippines. Lorsque je retourne en Suisse, j'aime bien aussi passer la fronti��re. J'ai par exemple mes habitudes au casino de Bregenz en Autriche, �� San Remo, �� Namur, �� Bruxelles. Plus pr��s de la fronti��re suisse, il m'arrive ��galement de me rendre en Italie, �� Saint Vincent, ou en France, au Casino de Divonne-les-Bains.
Ceux que je pr��f��re restent tout de m��me les casinos marocains, �� Marrakech, Agadir et Casablanca. Ce sont des parties assez ch��res, avec pas mal de flambeurs locaux ! Mais le niveau s'est durci r��cemment, avec l'arriv��e de pas mal de tr��s bons joueurs fran?ais et les dynamiques de table ��voluent en cons��quence...
".Les parties 'Live' avant tout
Cicurel est donc un pur joueur de 'live', ainsi qu'il le reconna?t lui-m��me : "Je suis tr��s dou�� pour d��celer des tells chez mes adversaires, les signes de force et de faiblesse; toutes choses qui ne me sont pas permises online. Sur Pokerstars, o�� je suis connu sous le pseudo 'Devil Spirit', il n'y a gu��re que les patterns de mise auxquels je peux me raccrocher. Du coup, je perds beaucoup de mon 'edge' sur les autres joueurs. En plus, je ne suis pas vraiment un pro de la gestion de bankroll ! (rires). A ma derni��re tentative pour me monter une bankroll en ligne, j'ai r��ussi, apr��s une progression r��guli��re, �� vider mon compte en quelques mains. Je jouais tout simplement trop cher...".
La question qui tue
- "Et, justement, tu n'as jamais peur de finir 'broke' (�� sec) ?"
- "
Ca m'est d��j�� arriv�� plusieurs fois m��me si, avec l'age et l'exp��rience, ce genre de m��saventures tend �� s'espacer de plus en plus. Maintenant, lorsque je perds beaucoup, je ne cherche plus �� me refaire, au contraire je r��duis la voilure et m'installe �� des limites moins ��lev��es. Et puis, lorsque je pars pour mes p��riples autour du monde, je n'emm��ne jamais avec moi la totalit�� de ma bankroll.
Au pire, lorsque ?a se passe vraiment mal, j'en suis r��duit �� manger des pates jusqu'�� mon retour �� Victoria. Mais je garde toujours une poire pour la soif sur mon ?le, qui me permet de repartir en douceur.
"Questionn�� pour conclure sur ses prochains objectifs, il nous confie avoir l'intention de jouer en tournoi plus r��guli��rement, notamment en participant �� la plupart des ��tapes de la prochaine saison de l'Asian Poker Tour : "Dor��navant, mes tables de cash game suivront mon programme de tournoi. J'irai �� Macao au mois d'ao?t et ensuite je mettrai le cap sur l'Australie". Le rendez-vous est pris.