La l��gende d'Eli Elezra
Si la passion pour le poker ��tait l'unique crit��re pour entrer au Hall Of Fame, Eli Elezra en serait depuis des ann��es.
"J'ai r��alis�� fait deux tables finales et 10 places pay��es aux World Series of Poker cette ann��e mais 11 ou 12 heures de jeu dans les tournois chaque jour ce n'est pas suffisant. Quand je finis je vais directement �� l'Aria ou au Bellagio et je fais du cash jusqu'�� 5 heures du matin. Et le lendemain j'encha?ne avec un autre tournoi. Pourquoi ? car j'aime le poker", plaide Elezra qui, �� 55 ans, est donc nomin�� pour la premi��re fois de sa vie pour entrer au panth��on du poker.
"J'ai ?a dans le sang et je ne suis jamais malade. J'aime ce jeu, j'aime cette guerre de l'esprit"
"Je joue �� Las Vegas depuis 1987 et d��j�� �� l'��poque je pratiquais 6 ou 7 jours par semaine. Je ne sais pas pourquoi - J'adore vraiment ?a. Je ne joue plus les plus grosses limites mais je vais vous dire que lorsque Chip Reese nous a quitt��, je suis devenu un tr��s bon ami de Doyle Brunson et nous parlons beaucoup au t��l��phone. Des fois, Doyle se pose �� la maison et dit qu'il ne se sent pas trop bien, il est malade et ne veut pas venir jouer au poker. Je dis toujours la m��me chose, je lui dis "Doyle, c'est ton m��dicament, si tu es malade, bouge toi et viens jouer. Quand tu joues tu ne te sens jamais malade. Je vous jure que c'est vrai", explique Eli Elezra. "Je ne sais pas d'o�� cela vient mais j'ai ca dans le sang et je ne suis jamais malade. J'aime ce jeu, j'aime cette guerre de l'esprit et j'adore encore plus gagner de l'argent en jouant", pr��cise celui dont la vie va bient?t ��tre le sujet d'un livre ��crit en h��breux (la sortie est pr��vue pour fin 2016, d��but 2017, ndlr).
Animateur de la d��funte ��mission High Stakes Poker, Elezra est n�� �� J��rusalem et y a pass�� son enfance. Officier dans l'arm��e, il a fait la guerre du Liban en 1982 et a ��t�� bless�� �� la fin de son service de quatre ann��es. C'est ensuite qu'il a boug�� vers l'Alaska o�� il a travill�� dans une fabrique de conserves puis comme chauffeur pour joindre les deux bouts.
C'est avec ses coll��gues de l'entreprise qu'il a rencontr�� le poker. Rien de s��rieux jusqu'�� son d��m��nagement vers Las vegas avec sa soeur et le mari de cette derni��re. Le trio s'occupe de plusieurs magasins et Eli traverse la rue pour aller jouer au Stardust Hotel.
"D��s le d��part j'ai jou�� en 20-40$ et en 40-80$ au Stardust et puis j'ai fait mon premier tournoi au Horseshoe, peut ��tre en 1990. En 1991-1992 je faisais du Omaha 8-or-better je jouais les variantes en Stud avec Scotty Nguyen. La v��rit�� c'est que j'ai eu le coup de foudre pour le cash-game, un peu moins pour les tournois. Phil Hellmuth jouait tous les tournois alors que nous ne faisions presque exclusivement du cash. Je me souviens de Billy Baxter qui disait que si nous faisions tous les tournois comme Phil, nous n'aurions pas 13 bracelets mais plut?t 25... mais le cash-game ��tait notre v��ritable passions", ajoute Elezra avant de se souvenir des ann��es ou il ��tait le poisson de la table.
"Je perdais de l'argent bien s?r, mais je m'amusais vraiment. Mes affaires me rapportaient assez d'argent pour me permettre d'aller au blackjack ou de perdre au baccarat. J'ai juste d��cid�� que le poker ��tait mon truc. Quand tu joues contre le casino tu finis toujours par perdre. Au poker tu peux au moins te marrer m��me si tu perds. M��me en tant que fish, si tu gagnes deux ou trois fois sur 10, tu peux en retirer quelque chose de positif, quelque chose qui va te faire te sentir bien", explique Elezra qui a commenc�� �� s'am��liorer et a donc chang�� de room.
Direction le Mirage o�� il devient un r��gulier des parties de Stud aux limites 500-1000$/ L��, il affronte Howard Lederer, Annie Duke ou encore David Grey.
En 1998, le Bellagio ouvre et Bobby Baldwin lance des invitations �� la communaut�� du poker high-stakes. Eli Elezra d��m��nage et le fish se transforme peu �� peu en shark.
"C'est l�� que j'ai fait le grand saut. Je jouais en 1000-2000$ et en 1500-3000$ avec Doyle et Chip... et je gagnais. Ils voulaient toujours se refaire, les gens me prenaient pour un fou puisque je jouais en 3-handed avec eux. Mais je gagnais... et j'ai mont�� une tonne. Aujourd'hui, Doyle est bien meilleur qu'�� l'��poque. On jouait du H.O.R.S.E. du PLO et du no-limit Hold'em. Le Deuce to Seven Triple Draw est arriv�� un peu plus tard, on jouait toujours cette variante en No Limit... j'ai tellement appris de ces mecs. Vraiment les gens pensaient que j'��tais fou de me frotter �� eux, mais je gagnais et ils ��taient les meilleurs du monde", poursuit Elezra
Plum�� comme un poulet par le proprio du KFC
L'odeur de l'argent a attir�� d'autres joueurs et les Chau Giang, Jen Harman, Jason Lester, Gus Hansen ont commenc�� �� venir. Les limites ont explos�� et la partie est pass��e de 2000-4000$ �� 6000-12000$. Le downswing n'a pas ��t�� long �� se montrer. Tr��s actif, jouant trop de coups, Eli a n��anmoins vu qu'il y avait trop d'argent �� faire pour ne pas passer professionnel. Il va donc laisser sa famille g��rer le business et squatter les tables du Bellagio.
"Nous avions une vingtaine de boutiques �� l'��poque mais des ces parties vous pouvez perdre 300 ou 400 000$ la nuit. C'��tait un business bien plus ��norme", se souvient Elzra avant d'encha?ner sur sa plus grosse perte. "J'ai perdu 1,1 million de dollars en une journ��e. J'ai cram�� cela en 30 heures dans une partie contre John Young Brown, le propri��taire de Kentucky Fried Chicken et aussi le Gouverneur du Kentucky. Les joueurs repartaient chez eux, dormaient un peu, revenaient directement �� la table... et nous ��tions toujours assis, en train de jouer. On nous prenait pour des fous. Mais, en une nuit j'ai d��j�� gagn�� 1,8 million de dollars. j'��tais intouchable. C'est l�� que j'ai r��alis�� que les cartes peuvent te servir ou te d��truire. Vous avez une session comme ?a et vous pensez ��tre le ma?tre du monde... et puis vous perdez et vous vous mettez �� penser que jamais plus vous ne gagnerez", explique celui qui est donc devenu une figure centrale de la Bobby's Room lors des ann��es suivantes.
La victoire d'un joueur du Tennessee aux WSOP va changer la perception d'Elezra. Le succ��s de Chris Moneymaker sur le Main Event WSOP 2003 renouvelle le pool de joueurs et pousse Eli �� se consacrer un peu plus aux tournois. "A l'��poque du boom, mes gamins pouvaient voir du poker �� la t��l��, ils ont commenc�� �� me demander pourquoi ils ne me voyaient jamais. C'est l�� que j'ai d��cid�� de jouer des tournois", r��v��le-t-il.
Une ��quipe de tournage isra��lienne vient m��me suivre Eli lors du Main Event des WSOP 2004. Elezra se retrouve dans le haut du classement au Jour 3 et il se retrouve �� la table d'un autre gros tapis, Greg Raymer. Retard�� par l'��quipe du film, Elezra va jeter 9x9x sur un 3-bet de Raymer pour sa premi��re. Le flop viendra hauteur Ax avec un 9x et Raymer montrera AxKx... Aujourd'hui encore, Elezra se souvient de cette main. Il terminera 170e du tournoi alors que Raymer finira par s'imposer.
"J'��tais frustr�� quand j'ai saut��. Quelle d��ception. L'��quipe a pu voir la douleur sur mon visage. J'ai alors d��clar�� que je gagnerais un million sur un tournoi dans l'ann��e. Je l'ai fais 3 mois plus tard au Mirage Poker Showdown", continue Elezra qui a remport�� un titre World Poker Tour et exactement 1 024 574$ �� cette occasion. En Table Finale, il a dispos�� de Gabe Kaplan, John Juanda et Scotty Nguyen puis a d��di�� sa victoire �� ses enfants.
C'est en 2007 qu'Elezra a remport�� le premier de ses trois bracelets WSOP... mais la plupart des passionn��s de poker le connaissent pour ses apparitions dans l'��mission High Stakes Poker. Durant 7 saisons, de 2006 �� 2011, il appara?t r��guli��rement aux c?t��s des plus grands noms du poker.
HSP : Eli Elezra enflamme la table
"Je me souviens quand Mori [Eskandani] (le producteur, ndlr) est venu nous voir �� la Bobby's Room pour nous dire qu'il voulait montrer notre partie. Chip, Doyle, Chau et Daniel [Negreanu] ��taient tous l��. Il nous a dit de ne rien changer et de jouer �� la t��l��vision exactement comme nous le faisions, la seule diff��rence c'��tait que les spectateurs verraient nos cartes. C'est Chip qui m'a convaincu et au bout de cinq ann��es et sept saisons, j'��tais aussi c��l��bre que Matt Damon dans le poker. Tout le monde me conna?t de cette ��poque", raconte Elezra qui va devoir manquer l'ultime saison pour des raisons contractuelles avec Full Tilt Poker.
Positif lors de 5 saisons sur 6, Elezra ne se jette pas des fleurs pour autant. "Je ne vais pas dire que je suis le gourou du No Limit. Je jouais principalement en mixed games mais sur les ��missions High Stakes Poker j'ai jou�� ABC et gagn��. Il y avait toujours un gamin comme Brad Booth pour tenter un bluff �� un million. Je ne faisais qu'attendre", explique-t-il.
Confiant en son jeu avant High Stakes Poker, Elezra en ressort encore plus fort. Il remporte une 2e breloque en 2013 et continue �� jouer les plus grosses parties avant de s'imposer �� nouveau en 2015. S'il a baiss�� ses limites de jeu, il ��volue d��sormais en 200-400$, Elezra a repris feu sur les tournois depuis sa nomination au Hall of Fame.
Pour sa troisi��me participation �� un WSOP Circuit, Elezra fait l'argent et termine runner-up au Planet Hollywood pour 105 281$. Dans la foul��e, il termine 6e du 3500$ jou�� dans le cadre de la s��rie Venetian DeepStack Extravaganza et ajoute 46 000$ �� ses gains. Elezra encha?ne ensuite avec la victoire sur un tournoi �� 400$ o�� il encaisse 34 156$ !
Elezra d��voile le secret de sa r��ussite actuelle �� PokerNews... des pertes en cash-game. Elezra n'a jamais perdu trois jours de suite depuis qu'il a commenc�� le poker car il ne joue pas apr��s deux sessions perdantes cons��cutives. "C'est un truc que j'ai appris de Chip Reese. Quand je perds deux fois, je ne reviens pas pour une 3e session. Mon pote David Levy m'a appel�� mais je n'allais pas faire une 3e session perdante de suite, il m'a donc dit de venir participer �� ce WSOP Circuit. C'��tait un Main Event �� 1600$ et je me suis dit pourquoi pas. Le tournoi avait commenc�� il y a 5 heures mais nous il ��tait toujours possible de s'enregistrer. A peine assis, j'ai mont�� des jetons et c'est parti de l��", confie Elezra.
Eli a encha?n�� au Venetian pour les m��mes raisons, Levy lui ayant conseill�� de jouer. "Il m'a dit de me rendre l�� bas et il avait raison. Je me souviens quand Michael "The Grinder" Mizrachi a eu le m��me genre de rush il y a quelques ann��es. Quand vous ��tes dans la zone, que le momentum est l��, il faut le garder. Je sens que tout est en place et ce n'est pas un jeune de 22 ans avec les lunettes de soleil et un sweat �� capuche qui va me stopper. Je ne pense pas ��tre le faire valoir de quiconque, il n'y a que Phil Ivey qui est au dessus. C'est le seul qui m'intimide encore �� table alors que j'ai beaucoup jou�� avec lui. Stu Ungar ��tait de cette classe aussi. J'ai jou�� 15-20 sessions avec lui et m��me s'il se droguait, il ��tait vraiment tr��s dur �� jouer. Il ��tait vraiment sans limite, litt��ralement".
"Ce n'est pas un jeune de 22 ans avec les lunettes de soleil et un sweat �� capuche qui va me stopper. [...] Il n'y a que Phil Ivey qui est au dessus. C'est le seul qui m'intimide encore".
Apr��s ses deux bons r��sultats, Elezra a pris la direction du Borgata pour jouer en cash. Il lache alors 40 000$ en deux jours. Pr��voyant de rester une soir��e tranquillement dans sa chambre, il re?oit un nouvel appel de Levy qui lui dit qu'un 400$ sur une seule journ��e se d��roule en ce moment m��me. "Nous sommes descendus un peu apr��s 15 heures, le tournoi avait commenc�� �� 11 heures. A 5 heures du matin, j'avais gagn�� et j'��tais �� jeu pour cette escapade", rigole le nomin�� pour le Hall Of Fame.
Eli Elezra remplit les crit��res en ayant jou�� contre les meilleurs aux plus hautes limites. Malgr�� ce qu'en dit NEgreanu, Elezra a bien travers�� les ��poques en jouant �� un niveau plus qu'honorable et gagn�� le respect de ses paires en ��tant performant sur une dur��e importante.
"Quand je me motive pour jouer en No Limit, je crois avoir montr�� �� tous que la vieille ��cole n'est pas encore d��pass��e. Pour ��tre honn��te, j'ai ressenti quelque chose quand j'ai vu mon nom sur la liste, d'autant plus que le public joue un r?le dans cette nomination. Je ne savais pas que les fans pouvaient faire entendre leur voix et je n'ai pas fait de campagne en ma faveur donc cette nomination c'est vraiment un cachet �� 25 ans de joie comme je l'ai dit sur Twitter. Je m'amuse toujours autant au poker, j'aime cela et je suis vraiment heureux d'��tre reconnu", raconte Elezra avant de conclure qu'il "tuerait pour entrer au club".
"Que j'y entre cette ann��e ou dans le futur, ?a serait le paradis. Je ne sais pas quoi vous dire de plus", termine celui qui restera quoi qu'il arrive dans la l��gende du poker moderne.