Black Friday : l'affaire Full Tilt Poker
En 2011, le Black Friday (la fermeture en avril de trois grandes salles online par la justice am��ricaine) a pris le monde du poker par surprise et contraint beaucoup de joueurs professionnels - surtout am��ricains - �� reconsid��rer drastiquement leurs plans de carri��re. Sur le front des rooms de poker en ligne, aucune n'a v��cu plus durement ces ��v��nements que Full Tilt Poker (FTP).
Tout commence avec le Black Friday
Le vendredi 15 avril 2011, le D��partement de la Justice am��ricain (DoJ) a mis en examen les trois plus grosses rooms du monde (PokerStars, Absolute Poker (AP) et FTP) pour fraude bancaire, blanchiment d'argent et jeu d'argent ill��gal. Plus de 75 comptes bancaires, utilis��s par les rooms et leurs processeurs de paiement, ont ��t�� saisis dans la foul��e. Et la panique a commenc��.
AP a ferm�� ses portes, Pokerstars s'en est plut?t bien sorti et la saga Full Tilt a d��marr��. 11 personnes physiques ��taient nomm��ment vis��es par la plainte du DOJ : Isai Scheinberg, Raymond Bitar, Scott Tom, Brent Beckley, Nelson Burtnick, [Removed:441], Ryan Lang,Bradley Franzen, Ira Rubin, Chad Elie et John Campos. Parmi eux, Bitar et Burtnick representaient FTP.
Quelques heures apr��s le d��p?t de plainte ces trois sites ont commenc�� �� suspendre leurs services en argent r��el �� destination des joueurs am��ricains. Et le lendemain, FTP annulait sa nouvelle s��rie de tournois 'Live' High Stakes, l'Onyx Cup.
On apprit plus tard que c'est le jeune entrepreneur australien Daniel Tzvetkoff, qui avait mis �� genoux le monde du poker en ligne. Concepteur du syst��me de paiement utilis�� par les plus grands sites de poker en ligne au monde, il en avait r��v��l�� tous les d��tails �� la justice am��ricaine.
Du c?t�� des joueurs, la panique gagnait rapidement. Et le plus jeune membre du Team Full Tilt, Tom "durrrr" Dwan, tentait de calmer les esprits et d'apaiser les craintes des clients de la room. Sur Twitter, Dwan (@Tom_Dwan) d��clarait notamment : "Il est pratiquement s?r �� 100% que tous les joueurs seront rembours��s m��me si, dans le pire des cas, les choses pourraient prendre deux �� trois mois." Une pr��diction un poil trop optimiste, comme on n'allait pas tarder �� s'en rendre compte.
Full Tilt charge le Gouvernement am��ricain
Alors que PokerStars faisait preuve de r��activit�� en informant ses clients le plus r��guli��rement possible de l'avanc��e du dossier, Full Tilt se murait dans un silence inqui��tant. Quelques jours plus tard, l'organisme certificateur de FTP, la Commission des Jeux de l'?le d'Alderney (AGCC), publiait un communiqu�� dans lequel elle annon?ait lancer sa propre enqu��te sur les accusations port��es contre son licenci��. Puis le 20 avril, FTP annon?ait avoir conclu un accord avec le Procureur du sud de l'Etat de New-York afin de r��cup��rer l'usage de son nom de domaine www.fulltiltpoker.com. La room pr��cisait ��galement que le gouvernement am��ricain avait bloqu�� plusieurs millions de dollars appartenant �� ses joueurs mais que la room ��tait en discussion avec lui pour trouver une solution et rembourser les joueurs le plus rapidement possible. Mais le bureau du procureur avait une autre version de l'histoire. Quand il a expliqu�� qu'aucun compte de joueur n'avait ��t�� bloqu�� et que les rooms n'avait jamais ��t�� emp��ch��es de rembourser leurs clients, on s'est dit que queque chose clochait. D'autant que, dans le m��me temps, Pokerstars commen?ait a rembourser les siens !
Puis ce fut le silence-radio jusqu'au 27 mai, date �� laquelle le site eGaming Review r��v��lait que le DoJ venait de d��bloquer un compte irlandais appartenant �� Ray Bitar sur lequel sommeillait plus du tiers des sommes d?es aux joueurs am��ricains. Mais aucune date n'��tait livr��e pour le d��but des op��rations de remboursement. Finalement, le 31 mai, FTP publiait un nouveau communiqu�� sur le site du forum am��ricain 2+2: "Nous sommes conscients du fait que notre manque de communication ne joue pas en notre faveur. Nous avons ��t�� trop optimistes dans notre capacit�� �� r��gler rapidement les prob��mes survenus avec le Black Friday". Mais aucune pr��cision ne suivait, aucun calendrier de remboursement, rien.
Ivey attaque, l'AGCC sanctionne
Le m��me jour, Phil Ivey se fendait lui aussi d'un communiqu�� annon?ant qu'il avait port�� plainte contre FTP et qu'il ne pas participerait pas aux World Series of Poker 2011 si les clients de la room n'��taient pas rembours��s. Suivait le lendemain, une contre-attaque de Full Tilt, accusant ivey de ne songer qu'�� ses propres int��r��ts et de devoir une forte somme d'argent au site.
Le 29 juin, l'AGCC suspendait la licence de Full Tilt Poker et ordonnait au site de suspendre toutes ses op��rations. Les joueurs am��ricains ne pouvait plus jouer sur le site depuis plus de deux mois d��j�� mais, d'un coup, Full Tilt ��tait contraint de cesser toutes ses ativit��s. Dans le monde entier. Le lendemain, une proc��dure collective ("class action") ��tait entam��e contre Full Tilt �� New-York, demandant �� ce que tous les fonds des joueurs soient rembours��s, avec 150M$ de dommages - int��r��ts r��clam��s en plus.
Les premi��res rumeurs de rachat
Le 22 ao?t, FTP publiait sur PokerNews un communiqu�� exclusif traitant des myst��rieux investisseurs ��voqu��s par la rumeur depuis plusieurs semaines d��j�� : "Le 16 ao?t, la soci��t�� Pocket Kings Ltd., qui g��re la marque Full Tilt Poker, est sortie d'une phase de n��gociations exclusives avec un investisseur potentiel. Les discussions continuent mais Pocket Kings Ltd en a ��galement d��marr�� d'autres, avec d'autres partenaires potentiels, afin de vendre ou de partager la marque Full Tilt Poker et tous ses actifs."
Le 31 ao?t, FTP expliquait dans un nouveau communiqu�� de presse pourquoi ses joueurs n'avaient pas encore ��t�� rembours��s. Parmi les raisons avanc��es : le Black Friday, la saisie de diff��rents comptes bancaires par le gouvernement am��ricain durant les deux ann��es ayant pr��c��d�� le Black Friday et un vol subi de la part d'un de ses processeurs de paiement.
Full Tilt accus�� d'arnaque pyramidale '�� la Ponzi'
Mais la v��ritable bombe tombait le 20 septembre et provenait cette fois du Procureur am��ricain Preet Bharara, qui modifiait sa plainte initiale en accusant d��sormais Ray Bitar, Howard Lederer, Chris "Jesus" Ferguson et Rafe Furst de s'��tre ill��galement enrichis aux d��pends des clients de Full Tilt: "Full Tilt n'��tait pas une soci��t�� de poker en ligne mais une vaste pyramide de Ponzi. Ses actionnaires se remplissaient les poches avec l'argent de leurs plus fid��les clients, tout en leur mentant sur la s��curit�� des fonds d��pos��s". La plainte rentrait plus avant dans les d��tails en expliquant qu'au 21 mars, FTP devait approximativement 390M$ �� ses joueurs dans le monde entier (dont 150M$ aux joueurs am��ricains). Avec seulement 60M$ d��pos��s en banque, le compte n'y ��tait pas. La plainte pr��cisait enfin que les quatre accus��s avaient empoch�� 443.860.529,89$ en tout, pr��lev��s sur l'argent des joueurs : "Bitar a touch�� environ 41M$, Lederer 42M$ et Furst 11,7M$. Ferguson, enfin, a touch�� au moins 25M$ tandis que plus de 62M$ lui restaient "d?s" dans les comptes de l'entreprise. La majeure partie de tout cet argent est all�� directement sur des comptes offshore, en Suisse et ailleurs". La plan��te poker ��tait en ��tat de choc.
Bernard Tapie joue les chevaliers blancs
Le 30 septembre, Laurent Tapie annon?ait qu'un accord de reprise avait ��t�� sign�� entre Full Tilt et le Groupe Bernard Tapie. Environ un mois plus tard, le 1er novembre, le Groupe Bernard Tapie et le DoJ arrivaient �� un autre accord, aux termes duquel il devenait enfin possible d'envisager le remboursement des joueurs. Le 17 novembre, on en apprenait un peu plus sur le montage financier de l'op��ration : Full Tilt devait abandonner ses actifs au DoJ, qui revendrait dans la foul��e la compagnie au Groupe Bernard Tapie pour 80M$, ce dernier devant ensuite entamer des d��marches pour d��crocher une licence espagnole.
Depuis, les membres du conseil d'administration de Full Tilt Poker ont donn�� leur feu vert �� l'op��ration et tout est en place pour d��marrer le remboursement des joueurs. Dans le montage retenu, le DoJ est sens�� rembourser les joueurs am��ricains tandis que le Groupe Bernard Tapie s'occupera des joueurs '��trangers'.
M��me si l'ann��e a mieux fini pour Full Tilt qu'elle avait d��marr��, on ne sait toujours pas si la soci��t�� sera en mesure de se remettre des coups subis �� l'occasion du Black Friday. En tout cas, on peut estimer sans trop de risques de se tromper qu'une bonne partie de son ancienne client��le est perdue. Comme toujours, PokerNews tachera de vous tenir r��guli��rement inform��s de l'��tat d'avancement de ce dossier.
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