Alec Torelli : Changer l'image du poker (Partie 2)
Alec Torelli est un joueur de poker professionnel qui compte 1.394.679$ de gains en tournoi �� son actif. Apr��s nous avoir parl�� dans la premi��re partie de cet article de la perception du poker dans le grand public, il nous explique aujourd'hui comment la changer.
Note : Les opinions exprim��es dans ce billet sont celles de l'auteur et ne refl��tent pas n��cessairement celles de PokerNews.
Le Probl��me : Le St��r��otype
La premi��re impression
La premi��re impression est essentielle. La raison pour laquelle les joueurs de poker sont vus comme des flambeurs d��g��n��r��s, c'est que c'est de cette mani��re que nous nous donnons �� voir. Nous nous pointons dans des shows t��l��vis��s mal ras��s, habill��s comme l'As de pique. Ce n'est pas parce que le Bellagio nous laisse rentrer en casquette-basket que ce genre d'accoutrement est cens�� devenir une tenue de travail. Ce n'est pas professionnel et ce n'est pas "classe".
En public, les joueurs pros devraient se consid��rer comme des athl��tes de haut niveau, comme des ambassadeurs de leur discipline. Kobe Bryant et Roger Federer ��vitent de faire n'importe quoi quand ils sont de sortie parce que ce serait mauvais pour leur image, pour leurs sponsors et pour leur sport de mani��re g��n��rale.
Parmi les joueurs de NBA, certains ont connu une jeunesse mouvement��e mais ils sont tous consid��r��s comme des gens respectables. Tout simplement parce qu'ils agissent de mani��re respectable. En interview, ils apparaissent toujours en costume-cravate et se montrent d'une amabilit�� parfaite. Du coup, des marques comme Nike, Coca-Cola ou American Express se les arrachent.
Les sponsors du poker font beaucoup moins r��ver : des saucisses de boeuf ("Beef Jerky") ou de la bi��re...
Les M��dias
Les M��dias ruinent la r��putation du poker. C'est triste mais la plupart des journalistes pensent que les gens sont plus ont��ress��s par les ��checs que par les succ��s. C'est faux et cela jette une lumi��re tr��s n��gative sur notre discipline. Lire que quelqu'un est ruin�� ou endett�� apporte de l'eau au moulin des cancaneurs, qui se fichent par contre pas mal de savoir que Phil Galfond vient encore de remporter un autre million de dollars...
Imaginons que demain, Rolex s'int��resse de pr��s �� l'industrie du poker. La premi��re chose que son service marketing va faire sera de rechercher les actualit��s poker sur Google. Si la premi��re chose qu'ils lisent est ��geeks, flambeurs et tricheurs��, ils remiseront tr��s vite l'id��e au fond de leurs cartons.
La vie priv��e de chacun doit rester priv��e. Qu'il s'agisse de Tiger Woods ou de Phil Ivey, est-ce que leurs histoires conjugales aident �� populariser leur discipline respective ou bien, au contraire, leur nuisent-elles pour que quelques journaux puissent vendre du papier ?
L'opinion publique
Nos lobbys se battent pour que la loi change �� Washington. Mais les politiciens restent �� la merci de l'opinion publique.
C'est comme pour la l��galisation de la marijuana ou du mariage homosexuel, personne ne veut risquer sa carri��re en ��tant le premier �� dire ��oui�� au changement. Et, ��tant donn�� l'image n��gative que renvoie le poker, pouvez-vous vraiment leur en vouloir de ne pas se lever pour d��fendre les joueurs ?
La Solution : Batman
Changer pas �� pas
Il y a toujours de l'espoir. D'autant que les jeux d'argent rec��lent des milliards en valeur ajout��e potentielle.
Si l'opinion venait �� consid��rer le poker sous un jour plus favorable, les politiciens pourraient voter les lois que nous attendons tous.
Mais tout cela doit se mettre en place progressivement. Avec m��thode.
Le poker a besoin de plus de H��ros
Les histoires qui permettent le changement sont toujours ��difiantes et exemplaires. Un petit gars ��lev�� dans une favela et qui devient le plus grand footballeur de tous les temps sous le nom de Pel��, voil�� une histoire inspirante. Bien plus en tout cas que celle de Mike Tyson, reconnu coupable de viol et qui mange des oreilles sur le ring. Les deux parcours sont ultra-connus mais le premier a incit�� des millions de gamins �� se mettre au ballon rond. Je ne suis pas sur que Tyson puisse en dire autant pour la boxe.
Il faut que les m��dias nous d��nichent un nouveau h��ros. Quand on pense au poker, qui est notre Roger Federer ou notre Michael Jordan �� nous ?
Au poker, il est difficile de comparer le talent des joueurs. Ne cherchons donc pas forc��ment le meilleur joueur de poker du monde mais plut?t le meilleur Ambassadeur. Des types comme Phil Galfond ou Matt Glantz poss��dent toutes les qualit��s. Ils jouent comme des Dieux, sont proches de leur public, aim��s, respect��s, s'expriment tr��s bien et veulent dynamiser cette industrie.
Alimentons la rivalit��
Dans le sport, c'est l'anticipation qui cr��e l'int��r��t. Il suffit qu'on apprenne que Chelsea va rencontrer Madrid ou que Rafael Nadal va rencontrer Federer et des millions de fans commencent d��j�� �� donner de la voix. Au poker, ce genre de matchs au sommet n'existe pas !
Dans cette optique, le Challenge Islidur vs. Haxton est un bon d��but. Mais la difficult�� r��side dans le fait d'y int��resser le grand public.
Adoptons de nouvelles habitudes
Il faudrait que les joueurs s'ouvrent plus durant les interviews d'apr��s-tournoi. Pour que le public s'int��resse �� eux, il doit d'abord commencer par tomber amoureux.
Au d��part, Rafael Nadal ne parlait pas du tout anglais. Apr��s des ann��es d'exercices, il est maintenant capable de tenir des conf��rences de presse en se passant de traducteur. C'est grace �� ?a qu'il est pass�� du statut de h��ros national �� superstar mondiale.
Le poker est un sport individuel, le royaume du chacun pour soi. A tel point que les joueurs ont tendance �� ne pas voir leur int��r��t �� long terme. Et pourtant, certains sacrifices collectifs imm��diats entra?neront fatalement des b��n��fices futurs. Pour attirer les sponsors, nous devons commencer �� penser �� long terme, �� nous demander ce qui est le mieux pour notre industrie.
Pour changer notre image, il ne suffira pas de gagner des tournois. Pour que la marijuana cesse d'��tre diabolis��e, il a d'abord fallu la mettre en sc��ne dans des films et que des stars reconnaissent qu'ils en consomment.
Au poker, nous avons des petits g��nies dipl?m��s des meilleurs ��coles, comme Brian Rast, Isaac Haxton, Scott Seiver, Jason Strasser, Vanessa Selbst et beaucoup d'autres. Si certains des types les plus brillants de leur g��n��ration se sont mis au poker, c'est bien qu'il y a une raison. Il faut que tous ensemble (et sp��cialement ceux qui ont un pouvoir d'influence), nous nous mettions �� d��fendre la cause du poker, �� mettre en avant ses c?t��s positifs.
Le r��ve
Vous n'aimeriez pas disposer d 'une salle de presse aux WSOP, o�� les fans pourraient directement poser leurs questions �� leurs joueurs pr��f��r��s ? Que les m��dias se concentrent sur les parcours des joueurs qui sont partis de rien et sont devenus riches grace au poker ?
J'aimerais voir une pub �� la t��l�� pour Gatorade, avec un pro du poker qui dirait ��Grace �� cette boisson, je reste toujours hydrat�� �� la table��.
J'aimerais que, dans les ��coles, le poker soit utilis�� comme un moyen pour apprendre aux ��l��ves les bases des maths, des probabilit��s ou de la th��orie des jeux.
J'aimerais voir des joueurs participer �� des conf��rences de presse sur ESPN et que des segments rythment les tournois t��l��vis��s, au cours desquels on en apprendrait plus sur tel ou tel joueur.
J'aimerais que nos h��ros donnent des conf��rences o�� ils expliqueraient les sacrifices qu'ils ont d? consentir pour en arriver l�� et quelles le?ons ils ont tir�� de leur parcours.
Mais si on veut que le reste du monde nous prenne au s��rieux, il est temps que nous y mettions du n?tre.
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