Jouer UTG : une fausse bonne id��e !
Une ��tude des hand histories de plusieurs dizaines de joueurs effectu��e il y a quelques ann��es avait r��v��l�� un r��sultat surprenant : quasiment tous les joueurs perdaient de l'argent lorsqu'ils se trouvaient UTG et ce, quelque soit leur niveau !
Quelque soit leur niveau et leur style de jeu... Une analyse qui confirme une ��vidence : jouer en ��tant UTG s'av��re extr��mement compliqu��. Un constat qui se v��rifie pour l'ensemble des positions pr��coces, notamment aux tables full-handed (neuf ou dix joueurs).
M��me avec une main de premier ordre, se retrouver le premier �� parler (pr��flop et fr��quemment post flop sauf si l'on se retrouve seulement oppos�� aux joueurs de blind) se r��v��le particuli��rement difficile ! Une difficult�� augment��e par le fait qu'��tre le premier �� agir pr��flop va ouvrir la c?te aux joueurs suivants et de mani��re exponentielle �� chaque fois qu'un adversaire va estimer int��ressant de suivre.
Ainsi m��me avec les as ou les rois, il sera courant en cash game ou durant les premiers niveaux d'un tournoi de se retrouver oppos�� �� plusieurs adversaires qui b��n��ficieront de l'avantage de la position. Une situation qui sera alors compliqu��e et p��rilleuse, laissant peu d'espoir - sauf flop particuli��rement favorable - de remporter un gros pot tout en pr��sentant de r��els risques de laisser de nombreuses plumes sans une ��l��mentaire prudence...
D'ailleurs les th��oriciens du poker (certes un peu old-fashion) ont conceptualis�� cette difficult�� avec des tableaux d'ouverture d'une grande rigueur pour les positions pr��coces. En full-ring, David Sklansky ne pr��conise que quatre mains susceptibles de m��riter l'investissement de quelques dollars : AA, KK, QQ et AK assortis ! Si l'��volution du poker a rendu le jeu beaucoup plus large, cette s��lection drastique suffit toutefois �� donner une v��ritable id��e de la dangerosit�� de la position.
Tableau des mains de d��part �� relancer UTG MAIS EN SIX-HANDED
La premi��re r��action de nombreux joueurs �� ce constat va ��tre de dire : si on ne joue que ces mains, il sera difficile de les rentabiliser ! Certes, mais il sera de toutes fa?ons difficile de les rentabiliser - surtout si l'on a une image loose et de nombreux adversaires dans le coup, alors autant ��viter d'avoir perdu au pr��alable de nombreux jetons UTG avec des mains marginales pour se construire une image qui pourrait finalement s'av��rer contre-productive lorsque, enfin, on re?oit un monstre...
Surtout que le dit monstre ne pourrait jamais arriver. Si l'on prend comme base une session de six heures, avec vingt-cinq mains jou��es �� l'heure, �� une table de dix joueurs, il y a un peu plus d'une chance sur deux que l'on ne re?oive aucune des quatre mains cit��es pr��c��demment aux positions UTG et UTG+1. L'int��r��t d'avoir vari�� son jeu en jouant des pots en premier de parole pour esp��rer profiter d'une image loose si les as arrivent se r��v��le donc pour le moins al��atoire...
D'autant plus qu'avec A-K ou ��ventuellement A-Q, l'ouvreur ratera son flop dans plus de 60% des cas, pour se retrouver premier de parole face �� un ou plusieurs adversaires. Une situation pour le moins inconfortable ! Et m��me si l'as ou le roi esp��r�� est survenu, il sera difficile si l'on est suivi d'optimiser au mieux sa main en n'ayant que peu de visibilit�� sur le jeu de son rival.
Quant aux paires interm��diaires, les 9 ou les 10 par exemple, les jouer UTG pr��sente des risques r��els. En premier lieu car �� une table de dix joueurs les chances de voir un joueur recevoir les as, les rois, les dames ou les valets, sont de l'ordre de 1 sur 6 ! Un s��rieux probl��me auquel s'ajoutent les fortes probabilit��s de trouver une ou deux cartes sup��rieures au flop qui rendront le coup quasiment injouable contre plusieurs adversaires.
Jouer les broadways est al��atoire, jouer les paires interm��diaires tout autant, quant aux pr��miums elles sont aussi rares que susceptibles de co?ter tr��s cher si les choses se d��roulent mal. On peut donc voir que s'aventurer dans un coup en ��tant UTG en full-ring s'av��re syst��matiquement probl��matique, m��me avec un tr��s bon jeu. En cons��quence, il convient d'��tre extr��mement s��lectif sur sa s��lection de mains de d��part, en se rapprochant finalement de ces bons vieux tableaux, et conscient des risques lorsque l'on s'engage dans un coup.
Malgr�� ces ��l��mentaires conseils de prudence, il s'agira n��anmoins de jouer les quelques monstres re?us ; avec pr��caution et habilet�� ! Vous avez re?u A?A? UTG, relanc��, et ��tes suivi pas trois joueurs �� une table de dix en d��but de tournoi avec une grande profondeur de tapis. Vous ne connaissez pas r��ellement vos adversaires et la r��ciproque est vraie.
Sur un flop K?4?5? vous encha?nez un continuation bet de la moiti�� du pot ; un premier joueur que vous savez ��tre comp��tent vous suit, un second qui semble plus fantaisiste aussi et le dernier qui avait pay�� depuis les blinds passe. Un 9? survient �� la turn ; vous pourriez miser mais une surelance vous obligerait �� jouer un gros pot, vous choisissez de checker, et le joueur s��rieux mise. Le troisi��me larron call et vous aussi. Un 5? tombe �� la river et vous checkez aussi. Votre analyse est la suivante : le bon joueur aura souvent un roi bien accompagn�� et l'autre pourrait bien ��tre sur un tirage, en chekant vous vous prot��gez d'un ��ventuel full ou simplement d'un 5, tout en laissant l'opportunit�� au joueur fantaisiste de tenter de bluffer. Il est ��vident que vous prenez l'option de perdre quelques jetons si derri��re les deux joueurs checkent aussi et que le premier a effectivement un roi, mais vous contr?lez la taille du pot tout en induisant potentiellement un bluff. Vous augmentez aussi votre visibilit��, laissant la parole �� vos deux rivaux. Vous avez ainsi grandement retourn�� le d��savantage de la position �� votre profit !
Une petite pr��cision s'impose ; ces dispositions s'appliquent aux tables comportant au minimum huit joueurs. En dessous de ce nombre, m��me si la s��lection de mains devra tenir compte de la position, la dynamique change. Le nombre de joueurs amen��s �� parler derri��re nous est sensiblement moins important, la fr��quence �� laquelle on se retrouve de blinds augmente obligeant �� se montrer plus actif tout en donnant aux joueurs dans les blinds l'illusion de devoir d��fendre plus souvent celles-ci. On a donc plus souvent de r��elles chances de se retrouver post flop avec l'avantage de la position !
En conclusion, nous avons vu que jouer UTG comportait de r��els risques et qu'il convenait en cons��quence de resserrer son range d'ouverture (de mani��re plus ou moins forte selon son style de jeu et la dynamique de la table), tout en adoptant une strat��gie un peu diff��rente dans le jeu postflop quand on dispute un pot. Sans ces quelques pr��cautions, les chances de se retrouver en situation de remporter seulement de petits pots mais d'en perdre de gros sont consid��rables...