Partouche va vendre pour 100 milllions d'euros d'actifs
Le Groupe Partouche, deuxi��me groupe de casinos en France, a annonc�� vendredi 23 octobre 2009 qu'il va devoir se s��parer d'une bonne part de ses actifs dans le cadre d'un nouvel accord avec ses banques li�� �� un emprunt de 431 millions d'euros dont Partouche devait encore rembourser pr��s de 300 millions d'euros d'ici octobre 2012.
Grace �� cet accord, l'��ch��ance du cr��dit sera repouss��e �� octobre 2015 mais sous des conditions plus strictes. Partouche a d'autre part obtenu un nouveau report d'un an de la premi��re ��ch��ance de 5 millions d'euros pour ce pr��t, qui devra d��sormais ��tre vers��e au 31 octobre 2010. Enfin le plafond d'investissements auto-financ��s passera de 20 �� 30 millions d'euros, permettant de terminer les travaux de reconstructions en cours.
Partouche pr��t �� payer le prix de l'ind��pendance
A part deux personnes (dont Enrico Macias), la quasi-totalit�� des membres du directoire du Groupe Partouche ont tous un lien de parent��. C'est donc une vraie affaire de famille et les Partouche refuseront de vendre tout ou partie de leurs parts dans la soci��t�� sans y ��tre contrains et forc��s. Cette volont�� d'ind��pendance est louable mais elle a un prix.
Tout d'abord les ratios et frais financiers li��s �� l'emprunt r��-��chelonn�� seront logiquement revus �� la hausse. D'autre part, Partouche s'engage �� reverser �� ses cr��anciers "la majeure partie du cash flow exc��dentaire", ce qui signifie que Partouche ne verra plus de profit tant qu'il n'aura pas rembours�� sa dette.
Et enfin, comme le souligne Patrick Partouche (Pr��sident du Directoire) : ?la conclusion d'un accord avec le pool bancaire sur la restructuration de la dette nous redonne un cadre financier adapt�� �� notre situation, pr��servant notre ind��pendance. Afin toutefois d'acc��l��rer le remboursement de cette dette Groupe Partouche a engag�� un processus de cession d'actifs.?.
C'est ainsi un peu plus de 100 Millions d'euros d'actifs qui devront ��tre revendus afin de b��n��ficier du d��lai accord�� jusqu'au 31 octobre 2011 selon les termes d'un accord n��goci�� avec les cr��anciers. Bien que le Groupe Partouche n'ait pris aucune d��cision quant �� la nature et au volume des actifs �� c��der, on voit mal comment le groupe pourrait ��viter de s��parer d'une partie de son parc de casinos.
Une situation financi��re compliqu��e sur fond de crise
Dans son dernier rapport financier sur les activit��s du groupe en 2008, Patrick Partouche ouvrait son message aux actionnaires par ces mots : ? Oui�� ce f?t une ann��e difficile�� Je pr��sente pour la premi��re fois de l'histoire du Groupe des r��sultats d��ficitaires�� ?. Avec une r��mun��ration personnelle divis��e par trois (de 1,4 million � en 2007 �� 450.000� en 2008), Patrick Partouche est en effet bien plac�� pour appr��cier la crise majeure qui affecte le groupe depuis maintenant pr��s de trois ans.
Des aides fiscales bienvenues mais insuffisantes
Malheureusement pour Partouche l'ann��e 2009 n'aura pas ��t�� plus glorieuse que les pr��c��dentes malgr�� le coup de pouce du gouvernement aux op��rateurs de casino sous forme d'all��gement fiscal.
La chute du chiffre d'affaires est de -14,3% pour le premier trimestre 2009, de -6,7% pour le second, et de -8,0% pour le troisi��me trimestre soit une baisse globale de -9,9% sur les neuf premiers mois.
La baisse de 11,3% des pr��l��vements sur le produit brut des jeux (PBJ) aura au final tout juste permis d'afficher un revenu en baisse de -9,4% au lieu de -10,4%, une bien maigre consolation au vu de la situation.
100 millions �� trouver en trois ans pour combler le trou
Endett�� pour 431.000.000� sur 4 ans avec un capital restant d? de 298.083.000�, Partouche ne pouvait plus ��viter une r��vision des modalit��s de remboursement ainsi qu'indiqu�� dans le rapport annuel du groupe : "La baisse de la profitabilit�� du Groupe en 2008 et celle attendue sur 2009, ne permet plus dans l'avenir de respecter les covenants initialement attach��s au contrat de cr��dit syndiqu�� et toujours applicables jusqu'en novembre 2012, terme du cr��dit. La restructuration de la dette actuellement �� l'��tude s'impose au groupe. Cette restructuration est rendue plus complexe par la crise financi��re actuelle."
Selon les termes de l'accord concernant ce "d��sinvestissement" des actifs du groupe, leur vente devra rapporter au minimum 100.100.000� destin��s �� rembourser une partie de la dette avant le 31 octobre 2011. Une clause pr��voit que si Partouche parvient �� rembourser le moiti�� de ce montant soit 50 millions � avant le 31 octobre 2011, le groupe aura un an suppl��mentaire (31 octobre 2012) pour payer le reste.
En revanche il est pr��cis�� dans le protocole d'accord que l'engagement des actifs pourrait s'��lever �� 120 millions d'euros en cas d'exc��dent brut d'exploitation (la valeur ajout��e sup��rieure aux frais de personnel, charges sociales et imp?ts) constat��e �� la date du 30 avril 2011.
Une politique de rigueur qui tarde �� porter ses fruits
Les solutions �� court terme mises en ?uvre en 2009 ont certes ��vit�� une aggravation de la situation, mais elles restent largement insuffisantes. Pour m��moire, le groupe avait ainsi entrepris de r��duire ses co?ts avec un r��gime de rigueur en trois points.
La premi��re d��cision consista �� r��duire les co?ts op��rationnels en supprimant des emplois dans les secteurs en perte de vitesse, mais aussi en ralentissant les d��penses de publicit�� et celles d��di��es aux op��rations de prestige.
Deuxi��me d��cision, la contraction des investissements avec une remise en question globale de la politique de d��veloppement du groupe.
Troisi��me d��cision, la recherche de cessions d'actifs afin d'obtenir des liquidit��s disponibles le plus rapidement possible.
Le poker live, une activit�� trop r��cente pour ��tre rentable
Il ��tait donc urgent de revoir l'��chelonnement de la dette du groupe au vu des r��sultats n��gatifs et d'une conjoncture en tous points d��favorables. Le succ��s relatif du Partouche Poker Tour, lanc�� en 2008 pour booster l'activit�� poker dans les casinos, fut essentiellement le r��sultat d'un gros effort d'investissement. Ainsi que le note le rapport financier 2008 du groupe : ? l'activit�� des jeux traditionnels a bien r��sist�� et m��me progress�� de 5,4M� (+11,8 %) grace au dynamisme engendr�� par la mixit�� des salles et le poker, ce dernier jeu repr��sentant pour l'exercice un PBJ en France d'un peu plus de 16 millions ?.
Malheureusement le seul secteur du poker, pourtant en plein d��veloppement, n'aura m��me pas permis �� Partouche de r��aliser un b��n��fice tangible si on consid��re que le lancement et l'exploitation de l'activit�� poker dans les casinos du groupe se sont traduites par des charges suppl��mentaires de 14,3 millions d'euros en 2008 avec notamment l'embauche de 200 salari��s sp��cialis��s.
Des jeux en ligne qui ne rapportent quasiment rien
Partouche Interactive, la nouvelle filiale du groupe qui g��re notamment la salle de poker online de Partouche sous licence Maltaise, est loin de r��pondre aux attentes. Lanc��e en f��vrier 2008 suite �� l'acquisition d'Atlas Sports & Games (devenu Partouche Betting) notamment pour profiter de sa licence �� Malte pour l'exploitation de jeux en ligne, la salle de poker virtuelle de Partouche co?te plus cher qu'elle ne rapporte, creusant le d��ficit du groupe avec une perte de pr��s de 10 millions d'euros en 2008. Fin 2008 l'activit�� de Partouche Interactive repr��sentait toujours une goutte d'eau dans le chiffre d'affaires du groupe avec moins de 0.7% de son PBJ (produit brut des jeux).
Il semble donc peu probable que Partouche ne puisse compter �� court terme sur le poker ou les paris en ligne, que ce soit pour alimenter les caisses ou m��me dans l'optique d'une cession des actifs de Partouche Betting par exemple. Et l'arriv��e de dizaines op��rateurs sur un march�� fran?ais qui risque de rapidement saturer suite �� la loi d'ouverture des jeux en ligne n'est pas forc��ment une bonne nouvelle pour le groupe, m��me si Patrick Partouche a r��cemment confi�� qu'il n'avait pas peur de la concurrence.
Ce d��fenseur acharn�� du droit de jouer en particulier sur internet, a notamment confi�� lors d'un entretien que selon lui les licences pourraient ��tre "au nombre d'une trentaine" et non une cinquantaine contrairement �� ce qu'avait laiss�� entendre le Ministre du Budget Eric Woerth en charge du dossier.
Partouche contraint de vendre 25% de son capital immobilier?
Le Pasino d'Aix-en-Provence, premier casino du groupe en revenus (8,8 M� de produit brut)
Avec des r��sultats en nette baisse dans les casinos (-10% sur 9 mois, de 366.3M� en 2008 �� 329.9M� en 2009), un taux d'occupation moyen de 55% dans ses h?tels et une salle de poker online qui a du mal �� d��coller, la solution la plus simple pour Partouche consisterait donc �� revendre des ��tablissements en sa possession pour atteindre les 100 millions d'euros, condition de restructuration de la dette du groupe.
Malheureusement pour Partouche, la conjoncture dans l'immobilier n'est pas plus reluisante que celle des casinos et de l'aveu-m��me des r��dacteurs du rapport financier qui note que l'exercice de cession ? est toutefois limit�� par l'actuel manque d'acheteurs et le d��ficit des cr��dits d'acquisition ?. En d'autres termes, la vente des biens immobiliers du groupe (casinos, hotels) ne rapportera pas autant qu'elle aurait pu dans d'autres circonstances.
Le Groupe Partouche exploite actuellement 47 ��tablissements de jeux en France et 8 �� l'��tranger dont 4 en Belgique, 2 en Suisse, 1 en Espagne et 1 en Tunisie, auxquels il faut ajouter une vingtaine d'h?tels. La totalit�� des actifs immobiliers en pleine propri��t�� du Groupe Partouche a fait l'objet d'une estimation sommaire en 2005 (r��ajust��e en 2008). Selon l'expert immobilier consult�� ce patrimoine se situerait aux alentours de 320 millions d'euros, auxquels il faut ajouter une centaine de millions d'euros en baux de longue dur��e. En clair, si le Groupe Partouche vendait tous ses casinos et ses h?tels d'un bloc (pour en devenir locataire par exemple), cela couvrirait tout juste ce que doit l'entreprise �� ses cr��anciers.
Que valent ces actifs ��tant donn�� la conjoncture ��conomique que ce soit pour les secteurs de l'immobilier ou des casinos? Dans ce contexte morose les offres pourraient ��tre bien plus basses que la valeur r��elle des actifs, en particulier si les ��ventuels acheteurs savent que Partouche aura bien peu de marge de man?uvre au vu de sa situation financi��re. La centaine de millions n��cessaires pourrait ainsi repr��senter beaucoup plus d'un quart du capital immobilier du groupe.
Patrick Partouche : "Apr��s la pluie, le beau temps"
Il ne faudrait cependant pas enterrer les Partouche trop t?t, comme aime �� le rappeler le chef de famille (et Pr��sident du Conseil de Surveillance) Isidore Partouche qui avait d��marr�� son affaire avec la reprise du Casino de Saint-Amand�Cles-Eaux en pleine crise du p��trole (1973) : ? Nous surmonterons cette crise comme toutes celles que notre m��tier a d��j�� rencontr��es. Le Groupe Partouche est n�� �� une ��poque qui ressemble ��tonnamment �� celle que nous traversons aujourd'hui. Nous avons surv��cu, prosp��r�� mais surtout beaucoup appris. ? Il ne lui reste plus qu'�� esp��rer que les mots de son fils Patrick ne deviennent une r��alit�� : ? comme au poker, il n'y a pas que des 'bad beats'�� apr��s la pluie, le beau temps. ?
En attendant, trois propri��t��s immobili��res de Partouche seraient d'ores et d��j�� mis en vente selon La Tribune, alors que le groupe a annonc�� que les d��tails de ses cessions d'actifs ne seront divulgu��s qu'en janvier prochain. Les analystes financiers ont accueilli favorablement la nouvelle de l'accord qui cl?t un feuilleton �� rebondissements de plusieurs mois, mais recommandent de ne pas acheter d'actions avant de conna?tre les intentions du groupe.
* Groupe Partouche SA , la soci��t�� et ses filiales, sont organis��es
autour des m��tiers des casinos de jeux et des activit��s
de loisirs associ��es (h?tellerie, restauration, spectacles...).
Les comptes consolid��s ont ��t�� arr��t��s par le
directoire de Groupe Partouche SA le 28 janvier 2009.
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