Alec Torelli : S'am��liorer au poker et dans la vie
Alec Torelli est un joueur de poker professionnel qui compte 1.394.679$ de gains en tournoi �� son actif. Aujourd'hui, il nous parle de l'importance de comptabiliser chacune de ses activit��s.
Une histoire personnelle
The Economist vient de publier un article qui s'intitule "Compter chaque moment" et qui parle de gens tenant scrupuleusement les comptes de toutes leurs activit��s quotidiennes. Par une dr?le de co?ncidence, c'est exactement ce que j'ai commenc�� �� faire l'ann��e derni��re, afin d'avoir un reflet fid��le de l'��volution de mes activit��s : combien de livres je bouquine, combien de films je regarde, quelle quantit�� d'alcool j'ingurgite, �� quelle fr��quence je me rends �� la salle de sport, etc...
En plus de quantifier pr��cis��ment chacune de ces activit��s, j'ai pu noter que le simple fait d'en tenir la comptabilit�� me rendait plus conscient du temps que j'y passais. Comme je note scrupuleusement le nombre de fois o�� je bois, par exemple, je ne peux plus me mentir �� moi-m��me. Mon iPhone s'est transform�� en Jimini Crickett.
R��sultat ? Les trucs que je veux ��liminer �� boire des pintes ou rester avachi devant la TV �� se sont mis �� diminuer tout seuls. Et �� l'inverse, les activit��s que je m'efforce de cultiver �� comme faire du sport, lire ou ��crire �� s'imposent de plus en plus naturellement dans mon emploi du temps.
C'est un truc magique. A chaque fois que je prends une mauvaise habitude - comme me laisser hypnotiser par des jeux vid��o par exemple -il me suffit de la marquer et pouf ! elle dispara?t d'elle-m��me.
Le Probl��me : L'aveuglement
Cela faisait des ann��e que je me mentais constamment �� moi-m��me sur plein d'aspects de ma vie. Mais aujourd'hui, apr��s seulement trois mois de ce nouveau r��gime, j'ai soudain pris conscience que certains trucs sont beaucoup plus nocifs que je ne l'imaginais. Par exemple, je me suis d��j�� fait 57 restos cette ann��e. Au moins, maintenant, je sais o�� part tout mon argent.
Dans l'un de ses posts les plus r��cents, Sorel Mizzi parlait des dangers qu'affronte un joueur de poker qui se berce de douces illusions. Cela m'a encourag�� �� affronter la v��rit�� en face.
��Quelle est ta plus grande faiblesse �� une table de poker ?�� me suis-je donc demand��.
La r��ponse que j'ai trouv��e est :
- Je joue trop de mains
- Je joue quand je ne devrais pas
Une fois ces "leaks" identifi��s, la solution saute aux yeux.
La solution : se responsabiliser
La raison pour laquelle nous nous laissons souvent glisser sur la mauvaise pente est que personne n'est l�� pour nous le signaler. C'est d'ailleurs ce qui est aussi g��nial dans le fait d'avoir un coach personnel : enfin quelqu'un qui vous force �� aller �� la gym. Mes fichiers Excel jouent donc un peu le r?le d'un coach portable.
M��me apr��s une courte session de 300 mains, l'��vidence m'a saut�� aux yeux �� je jouais beaucoup trop 'loose' pour battre une table compl��te de haut niveau. La honte que j'ai ��prouv��e en r��alisant que je jouais 30% de mes mains de d��part m'a convaincu de changer. Je me suis donc mis �� tout noter : combien de mains je jouais, combien de limps, combien de calls, combien de relances et de sur-relances.
Ensuite, je me suis fix�� un objectif : 20%. Pour l'atteindre, j'ai ��tudi�� mon jeu pour voir quelles mains pouvaient s'int��grer �� mon ��ventail de d��part et quelles ��taient celles �� bannir. Et je continue �� tout noter, au jour le jour, pour ajuster en permanence ma ma strat��gie de jeu.
Le second probl��me �� jouer quand il ne faut pas �� est un peu plus difficile �� quantifier. Pour commencer, je me suis pos�� quelques questions et ai fait la liste des r��ponses :
Quand est-ce que je joue bien ?
- Lorsque je suis repos��
- Lorsque je mange de mani��re ��quilibr��e
- Lorsque je fais du sport
- Lorsque je n'ai pas la t��te ailleurs
- Lorsque je suis �� l'aise avec les enjeux financiers de la partie
- Lorsque je gagne
Quand est-ce que je joue mal ?
- Lorsque je suis fatigu��
- Lorsque je ne fais pas de sport
- Lorsque je suis stress��
- Lorsque je perds
- Lorsque les enjeux sont trop ��lev��s
- Lorsque je n'ai pas la t��te �� ?a
Le fait que ces deux s��ries de r��ponses soient l'exact oppos�� l'une de l'autre n'est pas tr��s surprenant, finalement. Apr��s ce petit exercice, je me suis donc fix�� une r��gle claire : Si deux des conditions list��es ci-dessus sont remplies, je ne joue pas. Pas d'exceptions. Je suis pr��t �� laisser filer un peu d'EV pour pouvoir faire baisser ma variance et garder l'esprit serein. Lorsqu'on s'adonne �� des jeux d'argent, l'objectif est de maximiser son profit, c'est clair. Mais il ne faut pas que cela entre en contradiction avec un autre principe, plus sacr�� encore, et qui est celui du grand jeu de la vie : maximiser son bonheur.
Cela dit, une session de poker mute en parmanence et il est tr��s difficile de rester objectif d'un bout �� l'autre de la partie. C'est la raison pour laquelle je passe en revue mentalement ma check-list toutes les heures. Comme les sympt?mes pr��c��dent toujours la maladie, je n'ai pas �� attendre d'��tre en tilt et compl��tement crev�� pour me lever de table.
Mais parfois, conna?tre les faits n'est pas suffisant. Et donc, je montre souvent cet exercice �� un ami. Du coup, la hantise d'��tre ridicule devant l'un de mes pairs, et en particulier un de ceux que j'aimerais impressionner, me pousse �� toujours jouer �� mon meilleur niveau.
Pour gagner, on n'a pas besoin d'��tre le meilleur joueur de poker. Il suffit d'��tre celui qui joue le mieux. Nuance. Rafael Nadal l'a lui- m��me admis : Il est moins dou�� que Roger Federer. Mais grace �� un boulot de dingue, �� beaucoup de pers��v��rance et �� des nerfs d'acier, il est parvenu �� combler ce handicap. Au poker, il y a trop de joueurs dou��s qui se retrouvent avec les poches vides. C'est comme au tennis : celui qui gagne n'est pas celui qui a le plus de technique mais celui qui commet le moins d'erreurs.
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