Value Bluff : D��polariser sa range et miser les mains moyennes
Le "value bluff" ne devrait pas exister au poker, puisque l'on mise soit pour valoriser la meilleure main, soit pour bluffer avec la plus mauvaise. Il y a pourtant des situations, en heads-up ou dans des parties tr��s larges et agressives, o�� les joueurs ont des ��ventails de mains "d��polaris��s", c'est-��-dire qu'ils ne misent pas seulement leurs bonnes et mauvaises mains de mani��re agressive, mais aussi les mains moyennes. Si l'on peut trouver plusieurs d��finitions du terme "valuebluff", c'est dans le sens ci-dessus que nous l'utiliserons ici.
Le Valuebuff et la d��polarisation des ranges
Au poker, il est courant d'entendre qu'il n'y a que deux bonnes raisons de miser : le value bet et le bluff. Le "value bet", c'est miser pour valoriser la meilleure main en faisant payer des mains inf��rieures. Le bluff, c'est miser pour faire passer de meilleures mains que la n?tre.
Certains joueurs souligneront qu'une troisi��me raison de miser est valable?: pour prendre la "dead money". Cela correspond aux situations o�� l'on mise en sachant que seules les meilleures mains vont payer, mais o�� la rentabilit�� vient de l'argent d��j�� dans le pot gagn�� directement lorsque l'on ne sera pas suivi. C'est pour cette raison qu'il est parfois profitable de se retrouver all-in pr��flop avec AxKx m��me si les seules mains qui vont suivre sont AxAx, KxKx et parfois QxQx.
Quoiqu'il en soit, la grande majorit�� des joueurs objecteront que le terme "valuebluff" est une contradiction en soi et ne correspond �� aucune des raisons de miser ci-dessus. Si ce qui est dit ci-dessus est vrai, c'est parce qu'un joueur qui ne mise qu'avec des mains tr��s fortes ou tr��s faibles a une hand range "polaris��e" : il ne mise que les deux extr��mit��s de son ��ventail de mains. Cela se r��sume souvent avec la phrase "Ici, il a nuts ou air". Si cette mani��re de jouer n'est pas n��cessairement mauvaise, elle peut vite ��tre exploit��e si l'on joue contre des joueurs observateurs, qui ont une bonne lecture du board et qui savent adapter leur jeu en cons��quence.
Le joueur professionnel Aaron "Aejones" Jones compare, dans un post dat�� de 2007, l'ensemble des mains d'une hand range �� une s��rie de lettres allant de A �� Z, de la plus forte �� la moins forte. Dans une situation donn��e, la plupart des joueurs vont miser les mains de A �� H (leurs mains les plus fortes) pour valoriser et les mains de U �� Z (les plus faibles, qui n'ont aucune chances de gagner au showdown) pour bluffer. Ils vont checker avec la portion interm��diaire de leur range au cas o�� leur main serait assez forte pour gagner au showdown, mais pas assez forte pour ��tre pay��e par une main inf��rieure. Parfois, plut?t que de miser ces mains, ils choisissent de checker pour payer une mise suppl��mentaire sur une tentative de bluff de leur adversaire.
Le "valuebluff" revient donc �� miser ses mains moyennes, �� la fois pour faire passer de meilleures mains et en faire payer de moins bonnes. C'est int��ressant sur les limites ��lev��es ou en heads-up quand tous les joueurs pr��sents �� la table jouent un assez grand nombre de mains de d��part, de mani��re d��ceptive et o�� l'on est g��n��ralement dans le flou quant aux types de mains que l'adversaire peut avoir.
Un exemple de valuebluff
Il est difficile de donner un bon exemple de ce concept car il repose avant tout sur les reads, l'historique, le m��tagame et la dynamique du jeu, plus que sur les cartes effectivement en mains. Toutefois, la main suivante pourrait illustrer pour ce concept.
En heads-up avec 100 big blinds de stack effectif, un joueur au bouton ouvre avec une relance de 3 big blinds (bb). En big blind, on sur-relance avec A?K? pour un total de 10 bb et le joueur au bouton suit. Sur le flop Q?2?9?, nous sommes les premiers �� parler et nous faisons un continuation bet standard de 12 bb et l'adversaire suit. Le 9? tombe sur la turn, le pot fait 44 bb, nous misons 30 bb et sommes encore suivis pour voir le 4? sur la river. Nous misons une derni��re fois, all-in pour les 48bb restantes, notre adversaire suit, retourne A?10? et nous prenons le pot.
Ici, on sur-relance pr��flop pour valoriser ce qui est probablement la meilleure main en esp��rant ��tre suivi par des As ou des Rois domin��s, voire ��tre 4-bet par des mains inf��rieures. Sur le flop, il est toujours probable que nous ayons la meilleure main. Miser revient donc essentiellement �� valoriser, puisqu'il est tr��s probable que l'adversaire paye avec un As ou un tirage couleur. C'est aussi du bluff, dans la mesure o�� il est possible qu'on lui fasse passer les paires comprises en 33 et 77, ayant d��j�� cartes sup��rieures sur le flop et encore deux streets �� miser.
Sur la turn, nous misons �� nouveau. Le troisi��me coeur a pu compl��ter un ��ventuel tirage couleur mais il est encore plus probable qu'il ait apport�� un tirage couleur backdoor si l'adversaire n'a qu'une seul coeur. Dans ce cas, notre mise sert �� valoriser notre hauteur As contre un tirage couleur. Avec la doublette du Neuf, il est possible que l'adversaire se d��cide �� lacher une Dame et plus probablement toutes les petites paires entre le 2 et le 8 avec lesquelles il aurait suivi au flop et parfois les paires de 10 et Valets. Par ailleurs, hormis si l'adversaire a deux coeurs, les mains qui ont pay��e en ��tant derri��re sur le flop, n'ont pas ��t�� am��lior��es sur la turn.
Sur la river, nous misons �� nouveau. Le 4? ne change plus rien �� la situation, si ce n'est qu'il ne s'agit pas d'un coeur. Lorsque nous misons all-in, c'est essentiellement en bluff. Le pot a ��t�� sur-relanc�� pr��-flop et nous avons mis�� trois streets cons��cutivement en ��tant pay��. Envoyer all-in sur la river repr��sente beaucoup de force et l'on s'attend �� faire passer la plupart des mains, sauf un 9x ou une couleur, voire AxQx.
L'adversaire paye avec une hauteur As inf��rieure �� la n?tre et nous ��tions en train de valoriser depuis le d��but sans le savoir. Nous aurions aussi bien pu jouer {axax} ou 9xXx de la sorte, de m��me qu'un bluff avec une main du type 8?7? ou K?Jx. En montrant tant de force, il est probable que l'adversaire l'ait interpr��t�� comme un signe de faiblesse et ait jug�� que sa hauteur As ��tait un bon "bluff catcher".
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