La hand range, une lecture d��licate mais indispensable (Kipik poker)
Je voudrais parler d��une main jou��e par un joueur avec qui je discute beaucoup en ce moment. Cette main pr��sente de nombreux int��r��ts strat��giques. Elle nous am��ne cette semaine �� aborder certains raisonnements ?avanc��s? en mati��re de lecture du jeu adverse.
Pour r��sumer, tentez de comprendre quel effet une mise ou une relance peut avoir sur la range adverse et comment la r��ponse modifie �� nouveau les choses. Cela demande quelques efforts. Mais qui en valent la peine...
******
20% de r��duction en septembre : boostez votre jeu en NL 100 sur strategy.pokernews.com, avec les conseils de Randy "nanonoko" Lew ($100NL 6-Max), membre du Team PokerStars Online et Supernova Elite depuis 2008.
La main se joue sur une table de six joueurs et notre ?H��ro?, en premier de parole, relance classiquement avec J?J?. Tout le monde se couche jusqu��au joueur de Petite Blinde (SB) qui surelance et H��ro d��cide de payer. Le flop vient 8?9?10?, la SB fait une mise de continuation et notre H��ro relance.
A premi��re vue, la main m��a sembl�� banale. H��ro a une ��norme main. Il se retrouve au flop avec overpair (paire au-dessus du flop) et tirage quinte par les deux bouts. Time to gamble, baby ! Ou pas��
On respire un grand coup et on r��fl��chit
Pour l��instant, la seule chose �� laquelle nous avons r��fl��chi, c��est notre main. En apparence un monstre�� Int��ressons-nous un peu �� ce que peut avoir notre adversaire.
Vilain est un joueur tr��s serr��
Vilain surelance (3bet). Et, plus encore, il 3bet un joueur en d��but de parole. Si notre image n��est pas celle d��un maniaque, Vilain a ici une hand range (son ��ventail de mains possibles) tr��s ��troit. Probablement quelque chose du genre paire de Dames et mieux ou As-Roi : {QQ+, AK}.
Contre un tel range, notre paire de Valets est toujours devant (55/45%). Reste un souci : cela suppose que Vilain ait opt�� pour une mise de continuation avec A?K? sur un flop 8?9?10? qui est une horreur pour ce genre de main. S��il ne fait cette mise de continuation qu��avec les As-Roi assortis ayant un tirage couleur et seulement la moiti�� du temps avec les d��pareill��s, notre situation est d��j�� moins avantageuse (on joue un coinflip). Et, m��me si c��est le cas, si l��action s��emballe (on relance), alors on ne peut pas d��cemment esp��rer que Vilain nous paie avec A?K?. Il va g��n��ralement abandonner apr��s sa mise de continuation et sa range pour poursuivre la main plus avant se resserrera encore. Rien ne nous laissant supposer que Vilain soit capable de coucher une overpair, sa range sera alors {QQ+} et notre J?J? est alors loin derri��re, 34/66%.
Vilain est toujours serr�� mais plus agressif.
Disons qu��il ne tient pas trop compte de notre position et d��cide de surelancer sa range standard de 3bet pour value {99+, AQ+}. Au flop, notre ��quit�� a joliment augment�� : 59/41%.
Certes, il a touch�� potentiellement quelques brelans mais l��essentiel de sa range est constitu�� de gros As qui n��ont pas am��lior��. Si on imagine toutefois qu��il abandonne encore ses As-Roi, on en revient encore et toujours �� un coinflip. La grosse inconnue dans cette situation sera sa capacit�� �� poursuivre plus avant avec ses As-Dame (s��il imagine avoir deux overcards et tirage quinte) ou �� les abandonner (risque de brelans, ses cartes au-dessus du flop seront rarement toutes vivantes, de m��me pour son tirage quinte). Dans le doute, imaginons qu��il ne poursuit avec A?Q? qu��une fois sur deux. Notre main passe l��g��rement derri��re, 47/53. S��il couche syst��matiquement A?Q?, alors sa range {99+} est favorite, notre J?J? est derri��re, encore 34/66%.
Vilain joue un jeu nettement plus large
Si vilain est un joueur large et agressif, sa range va ��videmment s��ouvrir. Et notre ��quit�� au flop va progresser d��autant. On peut facilement se retrouver �� jouer un 60/40%. En tout cas, l�� encore, en th��orie. Parce que, en pratique, si Vilain nous donne de l��action ensuite, sa range va ��videmment se ?resserrer?. M��me s��il poursuit cette main avec une range aussi large que {88+,ATs-AJs, 67s-QJs}, notre ��quit�� contre sa range est nettement moins excitante qu��on pourrait l��imaginer : notre J?J? joue un 42/58%.
Nos actions changent la range de notre adversaire
Certes, notre J?J? a, en apparence, trouv�� un joli flop. Tel quel, notre main est probablement favorite, avec entre 55 et 60% d����quit�� selon le profil de vilain. Et la relance semble ��vidente. Seulement, voila : d��s qu��on relance, la range de notre adversaire se resserre et aboutit �� une nouvelle range qui nous devient extr��mement d��favorable.
Relancer parce qu��on est favori est un concept erron��. C��est pourtant ce que vous pourrez lire dans de nombreux livres sur le poker�� qui commencent s��rieusement �� dater.
On relance essentiellement pour deux raisons : pour prendre plus d��argent �� des mains qu��on domine (raise pour value); ou pour faire coucher des mains qui nous dominent (bluff raise).
Dans le cas de notre J?J?, il est illusoire de croire qu��on fera coucher une main qui nous domine (overpair ou brelan pour l��essentiel). Notre relance serait donc presque exclusivement une relance pour prendre de la valeur. Malheureusement, quand on y regarde bien, il n��existe presque aucune main que l��on batte au flop et qui soit �� m��me de nous payer. M��me la range large d��un joueur agressif, qui comprend quelques mains en mauvaise situation (A?10?, A?J?, J?10?) nous est clairement d��favorable.
Si on raisonne sur notre seule main, qui peut nous sembler un monstre (overpair + tirage quinte), notre d��sir devrait ��tre grand de mettre le maximum de jetons en jeu au flop. H��las, la situation est nettement plus complexe. Notre action (relance) va modifier l����ventail de mains possibles de notre adversaire au point que, plus on va chercher �� mettre d��argent dans le pot, plus la range adverse nous sera d��favorable.
Tout ce qu��une relance produit ici, c��est d��amener notre adversaire �� coucher des mains comme A?Q? ou A?K?, contre lesquelles on est favori �� 80%. Et �� se recentrer sur la portion forte de ses mains, qui est favorite �� 60-66%. Pas vraiment le r��sultat esp��r����
Dans la t��te de notre adversaire
Le joueur en premier de parole relance et on d��cide de le surelancer. Il paie notre 3b et le flop vient 8?9?10?. Notre mise de continuation est relanc��e.
Si notre adversaire est un joueur tr��s large, capable de relancer et payer pr��flop avec de nombreux As moyens ou des connecteurs assortis, ce flop va se connecter avec ��norm��ment de ses mains. Il y aura certes quelques A?J? ou K?J? dans son range, ainsi que des paires de Valets, mais il aura ��galement beaucoup de brelans, de doubles paires ou de paires + tirage quinte. Si on a A?A? dans cette situation, on peut difficilement esp��rer jouer mieux qu��un coinflip. C��est encore pire si on a K?K? (38/62). Q?Q? est �� 44/56. Pareil pour les Valets. On est ��videmment largement favori si on a touch�� un brelan (88-TT). Et compl��tement �� la ramasse si on a A?Q? ou A?K?, entre 17 et 25% d����quit��.
La situation est ��videmment encore moins favorable si le relanceur initial est du genre serr��. Mis �� part les cas o�� nous aurons A?A? (toujours en coinflip), nos paires, m��me si sup��rieures au flop (J?J?, Q?Q? et K?K?) se retrouvent avec entre 34 et 38% d����quit��. Inutile de parler de nos A?Q? et A?K?��
D��s qu��on se met dans la situation du joueur qui a surelanc�� et fait face �� une relance de sa mise de continuation, on comprend mieux �� quel point la relance au flop bouleverse la situation. Que l��on se retrouve contre un joueur large ou serr��, la situation vire au cauchemar m��me avec une main comme Q?Q? quand on fait face �� une relance sur un flop 8?9?10?.
Prenez du recul pour voir le tableau dans son ensemble
J��ai d��j�� eu l��occasion de discuter dans mes chroniques des situations way ahead/way behind (largement devant ou largement derri��re). Sans ��tre r��ellement une situation de ce type, cette main y ressemble beaucoup sur certains points. Plus vous allez mettre d��argent rapidement dans le pot, plus vous allez jouer contre une range qui vous est d��favorable. Et ce, que vous soyez le relanceur initial ou le surelanceur.
Si vous ne vous int��ressez qu���� votre main, vous allez passer �� c?t�� de la complexit�� de la situation. Et vous vous retrouverez g��n��ralement �� risquer votre tapis dans une situation extr��mement d��favorable�� sans m��me vous en rendre compte.
Raisonner en termes de hand ranges permet de mieux percevoir la r��alit�� de la situation : vous ��tes peut-��tre devant mais, si les choses s��emballent, vous serez certainement derri��re.
Comment, du coup, jouer ce flop ?
Une premi��re solution, si vous ��tes le relanceur initial avec J?J?, est de consid��rer que vous avez jou�� cette main en setmining (on ?chasse? le brelan). Et n��avez pas trouv�� le brelan esp��r��. Certes, votre adversaire va parfois vous bluffer avec A?K? mais cela suppose qu��il d��cide de miser un flop extr��mement mauvais avec son As.
Il faut beaucoup de discipline pour coucher J?J? sur 8?9?10?. Mais c��est une des conditions n��cessaires pour jouer en setmining : ��tre extr��mement disciplin�� quand on ne touche pas. Contre un adversaire serr��, qui va surelancer un ��ventail de mains tr��s limit�� (et plus encore quand le relanceur initial est en premier de parole), d��cider d��abandonner au flop sera g��n��ralement une bonne option.
Payer le flop pour r����valuer la situation au turn est aussi une option envisageable, notamment si votre adversaire est du genre �� syst��matiquement faire une mise de continuation. Il est extr��mement douteux qu��il mise une seconde fois avec A?K? ou A?Q?. Si votre adversaire a une main comme Q?Q?, miser le turn sera extr��mement difficile pour lui. De fait, m��me en admettant que vous ayez pay�� pr��flop et flop avec de nombreuses mains sp��culatives, comme K?J?, cela implique que vous ayez aussi dans votre range de nombreuses mains qui le dominent. Vous avez pu jouer prudemment des doubles paires (8?9?,9?10?) ou des overpairs (K?K? par exemple), ou que vous cherchiez �� pi��ger avec des brelans ou des quintes. Pour une main comme Q?Q? ou K?K?, il est quasiment impossible d��imaginer avoir plus de 40% d����quit�� si une mise au turn est pay��e.
Il est donc possible de payer le flop en esp��rant que l��action ne se d��veloppe pas plus loin. Notre main dispose tout de m��me d��une assez bonne valeur et dispose de quelques cartes pour prendre l��avantage. Il faudra ��videmment abandonner au turn si notre adversaire poursuit son agression et qu��on am��liore pas (brelan ou overpair l��g��rement surjou��e). Mais si celui-ci est l��g��rement craintif, ou au moins attentif, on peut esp��rer voir la river gratuitement (ou devoir payer un prix acceptable, certains joueurs ayant tendance �� poursuivre l��agression mais pour un faible montant qui traduit leurs craintes).
On peut ��ventuellement d��cider de transformer notre main en bluff au turn, notamment quand notre adversaire va choisir de miser une seconde fois mais pour un montant assez faible. ?a n��est toutefois pas une option que je recommanderais si vous jouez des tables �� faibles ench��res o�� il est tr��s peu probable que vous fassiez jamais se coucher une main comme Q?Q?. Les chances d��y arriver sont certes un peu sup��rieures �� celles que vous aviez au flop (probablement nulles). Mais elles resteront en g��n��ral insuffisantes pour rendre le bluff rentable. Autant prendre le ? message ? envoy�� par votre adversaire pour argent comptant : il a QQ+ ou un set qu��il valorise/prot��ge mal.
Que faire si vous ��tes le surelanceur ?
La question est aussi int��ressante si on inverse les r?les.
Que faire avec AQ+ si vous ��tes le surelanceur ? Ici, je dirais que le plus simple est g��n��ralement le mieux. Le flop est horrible pour votre main. Il ? touche ? par contre ��norm��ment de la range de votre adversaire. Inutile de s��enfoncer plus avant dans cette main. Si votre adversaire est du genre passif, il va g��n��ralement checker �� son tour une bonne partie de sa range comme ses petites paires et ses A?J?/A?Q?. S��il est agressif, laissez-le vous ?voler? ce pot : m��me si sa range de bluff peut ��tre large, sa range ?l��gitime? pour miser vous est clairement trop d��favorable.
C��est ��videmment plus int��ressant si vous avez une grosse paire (QQ+). Comme on l��a vu, si notre mise de continuation se heurte �� une relance, notre ��quit�� va s��effondrer m��me contre un joueur large et agressif. Malheureusement, entre la surelance pr��flop et notre mise au flop, il y aura g��n��ralement trop d��argent dans le pot pour abandonner notre overpair (surtout si on consid��re la possibilit�� d��un bluff ou semi-bluff �� tirage.
M��me si notre adversaire se contente de payer au flop, il va falloir r����valuer notre ��quit�� �� la baisse (il sera difficile d��esp��rer avoir plus de 40% m��me sur un 2? au turn). Au final, il va rarement ��tre de notre int��r��t de mettre beaucoup d��argent dans le pot.
Si votre mise ne peut faire face �� une relance, ou si cette relance vous oblige �� jouer une situation d��favorable sous pr��texte que le pot est trop gros, alors la mise de d��part ��tait probablement une mauvaise id��e.
R��fl��chir en ranges : d��licat mais indispensable
Bien s?r, votre lecture de l��adversaire, la compr��hension de son jeu, de ses tendances, va jouer un r?le majeur dans votre d��cision quant �� la strat��gie �� adopter. Et vous allez parfois vous tromper. Mais ce n��est pas bien grave. Si vous avez correctement analys�� la situation, si vous avez pes�� le pour et le contre en fonction des mains que pouvait avoir votre adversaire (hand range), alors vous avez pris une d��cision r��fl��chi. Et l��erreur sera toujours moins grande que si vous vous ��tiez content�� de regarder votre main.
Un obstacle de taille : le temps disponible.
Impossible, ��videmment, en 15 ou 30s, de proc��der �� tous les calculs n��cessaires. Mais c��est l�� que le travail th��orique, hors table, fera la diff��rence. Le joueur occasionnel devra se contenter d��une r��flexion brute. Mais, si vous ��tes plus de ceux qui cherchent �� am��liorer leur jeu, �� progresser, alors je vous recommande de vous entra?ner en analysant, apr��s coup, vos parties.
Au lieu de regarder rapidement les mains jou��es, arr��tez-vous sur une ou deux mains plus ?dramatiques?. Essayez d��attribuer �� chaque joueur une hand range. R��fl��chissez �� comment ces ranges ��voluent au fur et �� mesure que l��action se d��veloppe.
L��important, avec ce genre d��exercice, est de le faire r��guli��rement. D��habituer votre cerveau �� un mode de r��flexion pour lequel il n��est pas, naturellement, tr��s dou��. Cela demande quelques efforts. Mais qui en valent largement la peine��
Jouer Full Tilt Poker.fr avec les meilleurs
Pour jouer sur la m��me room de poker en ligne que Phil Ivey et b��n��ficier de tous les avantages et exclusivit��s Pokernews (freerolls, bonus, et invitations), t��l��charger Full Tilt Poker.Fr pour un bonus 200% jusqu'�� 1000� lors de votre premier d��p?t (min. 20�).