Kipik Poker : un bon joueur agressif est un joueur qui sait se coucher
Dans les discussions que j��entretiens avec de jeunes joueurs, un probl��me revient encore et encore. M��me s��il se manifeste sous des formes diff��rentes, le sc��nario de d��part reste le m��me :
Le joueur joue agressivement depuis 15 ou 30 minutes, relan?ant ��norm��ment de mains et ramassant la grande majorit�� des pots sans aller �� l��abattage�� ou m��me voir un flop. Puis il se fait surelancer une, deux ou trois fois et, se dit que, ?a y est, ses adversaires ont d��cid�� de contre-attaquer. Et qu��il est temps de montrer que, s��il sait se coucher, il n��a pas peur de se d��fendre! G��n��ralement, il va alors envoyer la sauce �� la surelance suivante, le plus souvent avec une main genre A?10?, Q?J? ou 6?6?. Et soupirer de d��go?t quand son adversaire va retourner K?K?.
Comme bien souvent au poker, notre cerveau nous a jou�� ici un de ses plus jolis tours. L��explication en est assez simple : sous pr��texte que notre jeu s��est modifi��, qu��il est devenu plus agressif que d��ordinaire, on s��attend �� ce que nos adversaires en fassent autant. Nous d��fient.
Vous agressez parce qu��ils le veulent
On peut commencer par se demander pourquoi nous sommes plus agressif depuis 15 ou 30 minutes ?
Si on joue un tournoi, c��est probablement qu��on approche de la bulle ou de la Table Finale avec un bon tapis et qu��on cherche �� abuser de la passivit�� g��n��rale. Si l��action est �� une table de cash game, ce sera quasi syst��matiquement car les autres joueurs sont tr��s serr��s (ils jouent peu de mains) et ne cherchent pas �� d��fendre leurs blindes. Ou qu��ils sont au contraire tr��s larges mais extr��mement passifs et abandonnent sans plus de bagarre d��s qu��ils ne touchent pas un bon flop.
Le point commun de tous ces joueurs est la passivit��. C��est leur passivit��, leur absence d��envie de se battre, qui nous autorise �� jouer tr��s agressivement. Notre r��flexion s����l��ve d��un niveau et s��adapte �� nos adversaires, �� leurs faiblesses.
Pour ces joueurs passifs, surelancer (ou payer et check-raiser le flop) est une action anormale. Rare. Tout comme sont rares les mains assez fortes, �� leurs yeux, pour justifier d��investir autant de jetons pr��flop (ou au flop dans le cas d��un check-raise). Ces joueurs sont exploitables (par l��agression) car ils d��testent m��me leurs jetons en jeu, leur argent en risque.
Quand ce genre de joueur passif surelance (ou check-raise etc), c��est qu��il a une excellente main. Preflop, certains ne le feront m��me pas avec A?K? ou J?J? mais seulement avec le trio de t��te des paires. La plupart s��en tiendra aux classiques premium : A?K?, {cJ}J? et mieux. Mais, pour beaucoup, des mains comme A?Q? et 10?10? sont d��j�� plus que limites.
Chronique d��un tilt annonc��
Pourtant, quand ces m��mes joueurs vont nous surelancer, quelque chose au fond de nous va nous inciter �� voir dans cette surelance une r��action ? anormale ?, au point d��oublier que cette anomalie n��est d? qu���� la raret�� des mains avec lesquelles nos adversaires sont capables de prendre des risques. Et nous inciter �� y aller avec A?10?, Q?J? ou 6?6?.
Apr��s coup, notre h��ro s��en voudra le plus souvent (��videmment !). Mais, pourtant, dans le feu de l��action, la m��me expression revient : il ��tait persuad�� que ? la table ? avait d��cid�� de jouer contre lui.
Ce qui am��ne �� raisonner ainsi, c��est g��n��ralement que notre h��ro n��est pas habitu�� �� jouer agressivement.
Si vous observez les meilleurs joueurs agressifs en action, vous allez les voir se coucher encore et encore face aux surelances de certains joueurs. Ces top players agressifs ne sont pas gagnants seulement par leur agressivit��, ils le sont aussi car ils sont capables d��une extr��me discipline. Plus vous ��tes agressif, plus vous devez ��tre disciplin��.
H��las pour le joueur qui s��y essaie occasionnellement, par exemple car il poss��de un gros tapis �� l��approche d��une Table Finale, celui-ci n��a pas la discipline requise. Il vient d��endosser un r?le qu��il ne conna?t pas. Qu��il ne ma?trise pas. Et la moindre petite entorse dans le sc��nario, le moindre petit grain de sable sur son parcours, conduisent tout droit �� l����chec. Il n��est pas facile de passer de la com��die au drame��
Et j��arr��te l�� pour l��analogie avec le m��tier d��acteur. Mais elle me semble correcte : il ne suffit pas d��apprendre un texte pour jouer un r?le, il faut rentrer dans le r?le, il faut devenir le personnage pour offrir au public une repr��sentation marquante.
Si votre jeu est en g��n��ral plut?t serr�� mais que, pour une raison ou une autre, vous d��veloppez soudainement un jeu plus large, plus agressif, vous allez fatalement vous heurter �� des soucis de ce genre. Vous sortez de votre registre et vous vous retrouvez face �� de nouveaux probl��mes auxquels vous n��avez pas de r��ponse.
En premier lieu : comment les autres joueurs r��agissent �� votre nouveau r?le ? Et, incidemment, comment devez-vous vous-m��me r��agir �� leur adaptation ?
L��importance d����tre �� l��aise dans son r?le
Le manque de pratique, de ma?trise, fait que notre h��ro sera g��n��ralement mal �� l��aise dans son r?le de grand m��chant agressif. Il le fait parce qu��il ? sait ? qu��il doit/peut le faire. Ou parce qu��il s��y essaie, par exemple en cash game sur une table plus passive que d��ordinaire. Ou juste parce qu��il vient de voir une vid��o ou de lire un livre ou un article sur le sujet...
Peu importe le pourquoi : au d��part, ?a a toujours l��air facile. On relance, on surelance, on mise le flop J?6?2? parce que notre adversaire l��a g��n��ralement compl��tement rat��, on mise l��As qui arrive au turn parce que c��est une carte qui fait peur et on mise encore river si besoin est, histoire qu��il couche ses tirages couleur et ses paires de 8. Et, incroyablement (ou pas), les jetons s��accumulent.
H��las pour ces joueurs agressifs, nouveaux ou occasionnels, le revers de la m��daille, c��est qu��ils ��voluent en terrain totalement inconnu. Tr��s loin de leur zone de confort habituelle. Et avec des prises de risques nettement sup��rieures. Chaque pot gagn�� am��ne sa petite bouff��e d��euphorie (qui peut �� terme emp��cher d��analyser correctement une situation). Mais aussi, en m��me temps, sa petite touche de doute. De crainte. Et d��attente du retour de baton.
Mal �� l��aise dans son nouveau r?le, et en m��me temps gris�� par la facilit�� avec laquelle les jetons s��accumulent, notre h��ro n��a d��j�� plus la lucidit�� n��cessaire pour jouer de fa?on optimale. Certes, il va se coucher sans r��sistance quand il va faire face �� la premi��re surelance. Mais, �� la seconde, la r��action sera presque syst��matiquement de penser que, ?a y est, la table se rebelle. Et c��est g��n��ralement le moment o�� l��on se dit : ? OK ! je fold mais prochaine fois, je paie ! ?.
Et c��est ainsi qu��on se retrouve la fois suivante �� faire tapis avec une main moyenne en r��ponse �� une surelance qui (ne) cachait (pas) A?A?.
L��erreur est toujours la m��me : c��est de penser que les autres joueurs se sont adapt��s �� notre jeu.
Je m��adapte, tu t��adaptes�� est-ce qu��il s��adapte ?
Si on d��veloppe depuis un moment un jeu agressif, c��est que le reste de la table est, globalement, serr�� et passif. Autrement dit : totalement pr��visible. Vous pouvez relancer 20 fois de suite au bouton sur ce genre de joueur, s��il ne trouve pas un monstre, il ne vous surelancera pas. Il paiera bien quelques une de vos relances, pour voir un flop. Et abandonnera la plupart du temps. C��est ainsi qu��il joue. Et ?a ne changera pas juste parce que vous avez vol�� vingt fois leurs blindes.
Penser l��inverse revient �� vous donner trop d��importance. Croire qu��ils vont se mettre tout �� coup �� vous surelancer avec 2?2?, A?4? ou 8?9? est le fruit de votre imagination. De la combinaison d��un ego mal ma?tris�� et du sentiment pernicieux que tous ces jetons ? vol��s ? m��ritent un chatiment.
Le fait est qu��aucun de ces joueurs que vous exploitez (? voler ? est un terme absurde qui suppose injustice/chatiment et que vous devriez effacer de votre vocabulaire) en toute impunit�� depuis 15 ou 30 minutes ne va jamais s��adapter �� votre jeu. C��est d��ailleurs la raison pour laquelle vous les exploitez en agressant. De la m��me fa?on que, �� l��inverse, vous allez exploiter un joueur trop agressif en lui laissant l��initiative.
Il existe bien des joueurs capables de s��adapter (et d��autant plus que vous allez jouer �� des niveaux d��ench��res plus relev��s). De vous contre-attaquer. Mais, ces joueurs, vous les aurez rep��r��s bien avant. Ils n��auront pas le profil passif que vous recherchez. Et, du coup, vous ne les avez certainement pas agress��s aussi lib��ralement que les joueurs plus pr��visibles qui vous entourent (ou votre strat��gie est compl��tement �� revoir !).
Si un joueur a le profil parfait pour que vous puissiez l��exploiter en l��agressant inlassablement, alors ce joueur, par d��finition, ne s��adaptera pas �� votre agression.
Quand il se rebellera enfin, ce sera avec les m��mes mains que si vous veniez d��arriver �� la table et relanciez pour la premi��re fois. C��est la d��finition m��me de votre cible. C��est la raison qui justifie votre strat��gie : ce joueur va vous laisser faire, il va c��der sous l��agression, plier en attendant patiemment que le hasard lui donne enfin une main avec laquelle vous punir. C��est sa strat��gie de r��ponse. La seule qu��il connaisse et soit �� m��me de mettre en ?uvre.
A posteriori, si vous d��cidez de lui revenir dessus avec une main marginale, vous venez juste de valider sa strat��gie : il ne lui sert �� rien d��ouvrir son jeu puisque, de toute fa?on, quand il touchera un monstre, vous le paierez��
C��est votre ego, votre manque de pratique, de discipline, qui vous font vous placer au centre du d��bat, de la r��flexion, des d��cisions de vos adversaires. Et vous font oublier que, si vous avez initialement choisi de cibler ces joueurs, c��est justement car leur niveau de r��flexion, d��analyse, ne d��passe pas le cadre de leurs cartes.
Que vous-m��mes ��voluiez, g��n��ralement ou ponctuellement, au niveau sup��rieur, l�� o�� les cartes s��effacent au profit de la situation, n��implique en rien que votre adversaire soit capable de s��y ��lever. Au contraire ! Encore une fois, c��est la raison pour laquelle vous avez d��cid�� de l��agresser.
Si vous vous laissez emporter par vos ��motions quand, finalement, la contre-attaque arrive, alors c��est la totalit�� de votre propre strat��gie agressive que vous remettez en question. Vous n��avez tout simplement pas la discipline requise pour ��tre agressif si vous ne savez pas plier les rares fois o�� vos adversaires se redressent au lieu de plier.
Certes, c��est p��nible quand cela arrive tout �� coup 3 fois en 6 mains. Mais quand des joueurs passifs vous surelancent tout �� coup trois fois de suite apr��s vous avoir laiss�� les agresser en toute impunit�� pendant 20 minutes, l��explication la plus probable n��est pas qu��ils ont d��cid�� de changer de strat��gie. C��est plus probablement que le hasard leur a finalement donn�� des mains suffisantes pour relever le d��fi de votre agression.
En vous focalisant sur ces trois mains r��centes, vous oubliez les 15 ou 30 minutes d��historique pendant lesquelles personne n��a bronch��. Vous r��agissez brutalement car vous avez peur que vos adversaires ne commencent �� prendre le dessus. Alors que rien n��indique un changement strat��gique chez personne. Jusqu���� preuve du contraire, ils jouent encore et toujours leur strat��gie. Ils viennent juste de trouver quelques bonnes mains et font ce qu��ils savent faire.
Seul contre le monde
Respirez un grand coup quand cela arrive. Et prenez le temps de r��fl��chir. Quand trois joueurs diff��rents, tous serr��s ou passifs, vous reviennent dessus en l��espace de quelques mains, ne laissez pas cette partie sombre du cerveau vous sugg��rer que ? la table ? a d��cid�� de jouer contre vous (de vous ? play back ?).
La table est une cr��ation de notre imagination (en tout cas si vous jouez sur Internet ; en casino, des ? alliances ? de ce genre peuvent parfois se cr��er). J��ai d��j�� vu des joueurs partir en tilt en cash game parce qu��ils se faisaient sans cesse surelancer�� sur 6 tables diff��rentes. Arriv�� �� un point de frustration, �� force de ne pas pouvoir d��velopper leur jeu, leur cerveau ne faisait plus r��ellement la distinction entre toutes ces tables, tous ces joueurs. Oubliait toutes les relances qui ne trouvaient pas d��action. Et ne voyait plus que les surelances. Je vous laisse imaginer la suite��
Ne compliquez pas des choses simples. Le poker est un jeu individuel. Et chaque personne assise en votre compagnie joue sa propre partition. A son rythme. Selon ses pr��f��rences, connaissances et capacit��s.
Il faut d��j�� beaucoup d��exp��rience, et de talent, pour ��tre capable de changer de rythme, de style, en plein milieu de partie. Ca ne sera quasiment jamais le cas d��un joueur qui se laisse malmener depuis un quart d��heure.
Quand il montrera enfin les dents, peu importe que ce soit la troisi��me fois qu��on vous surelance, et que vous ayez couch�� les deux pr��c��dentes : une grosse part du succ��s d��une strat��gie agressive est d��avoir la discipline n��cessaire pour admettre que ce n��est probablement pas le bon moment pour s��envoyer en l��air.
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